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21 mars 2006

Autonomie: Il faut gagner l’adhésion internationale

Entretien avec Abdelmoughit Benmessaoud Tredano, politologue
 
· Une application immédiate de l’autonomie

·  Plus d’engagement des Nations unies


·  L’autonomie prélude à une véritable régionalisation


Professeur de relations internationales et auteur notamment de «Sahara marocain: une décolonisation pas comme les autres» en 1991 et «La question saharienne: du référendum à la troisième voie» en 2002, Abdelmoughit Benmessaoud Tredano soutient que l’intégrité territoriale est un aboutissement du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

- L’Economiste: Le Maroc présentera en avril son projet d’autonomie des provinces sahariennes à l’ONU. Quels sont les fondements juridiques et politiques de cette proposition?
- Abdelmoughit Benmessaoud Tredano
: Le premier fondement est l’inapplicabilité du référendum. Une idée que nous avions souligné déjà en 1991. La lecture des dispositions de la charte de l’ONU relatives au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principe revendiqué par les séparatistes et l’Algérie, fait ressortir que ce principe ne conduit pas systématiquement à l’indépendance. L’ONU considère qu’une population a exercé son droit à l’autodétermination quand celle-ci accède à l’indépendance, rejoint un Etat ou s’y intègre par le biais du fédéralisme. Conclusion: l’intégrité territoriale est également un aboutissement de ce droit. Cela a été le cas pour le Maroc avec l’intégration de Tarfaya et Sidi Ifni après l’indépendance et d’autres pays comme la Chine qui a intégré Macao et Hong Kong.
A cela s’ajoute le principe de l’ONU interdisant aux puissances coloniales d’empiéter sur l’intégrité territoriale des pays colonisés, chose qu’a faite l’Espagne à l’égard du Maroc, lié avec ses provinces du Sud par des attaches historiques et diplomatiques.

- Quelle est la forme que cette autonomie pourrait prendre à votre avis?
- Plus que la régionalisation, moins que l’indépendance. La proposition marocaine se doit d’être crédible vis-à-vis de la communauté internationale. La base de ce schéma pourrait être le contenu de la troisième voie qui est amené à être développé et enrichi. La gestion locale et régionale doit relever des pouvoirs locaux, excepté en matière de défense, de diplomatie, de monnaie et de Justice. Les jugements doivent continuer à être prononcés au nom de SM le Roi mais doivent s’adapter aux réalités locales. Un plan d’autonomie passe par l’implication des populations. La promotion de l’élite locale est un préalable. L’idée du PJD voulant que 60% des postes de responsabilités soient dévolus aux cadres originaires du Sahara est défendable. Le Maroc doit s’engager de manière ferme dans ces chantiers en recherchant l’adhésion des citoyens et de la communauté internationale.

- Qu’en est-il de l’autonomie économique des provinces du Sud?
- Deux principes doivent prévaloir. Le premier est d’accorder la priorité aux populations locales quant aux richesses locales actuelles. Le second est la solidarité nationale si d’autres richesses sont découvertes. Ce dernier principe, doit-on rappeler, a été de mise depuis le parachèvement de l’intégrité territoriale en 1975. Le tout est affaire de dosage.
- Faut-il limiter cette autonomie au Sahara marocain?
- La réforme doit être générale. L’autonomie des provinces du Sud devrait être le prélude à une véritable régionalisation. Un redécoupage régional, avec 7 à 8 régions viables, complémentaires et cohérentes s’impose au même titre qu’une révision de la Constitution. L’approche sécuritaire devra céder la place à la démocratie, seule garde-fou contre les dérapages.
Des signes avant-coureurs de cette tendance commencent à se profiler. Malgré ses limites, la consultation des partis politiques dans la conception du projet d’autonomie est une bonne initiative. Mais le débat gagne à être porté à la place publique.

- Sur le plan international, qu’est-ce qui reste à faire?
- Davantage d’engagement de l’ONU et donc, des Etats-Unis. L’institution de l’armée algérienne devra, elle, se désengager de cette affaire. Tant que les militaires centralisent les décisions politiques en Algérie, la question du Sahara n’aura pas d’issue. Mais la région a absolument besoin de se débarrasser de ce conflit. Il y va de l’avenir de l’Union du Maghreb arabe.
"L’approche sécuritaire devra céder la place à la démocratie, seule garde-fou contre les dérapages. Des signes avant-coureurs de cette tendance commencent à se profiler. Malgré ses limites, la consultation des partis politiques dans la conception du projet d’autonomie est une bonne initiative. Mais le débat gagne à être porté à la place publique"

Propos recueillis par
Tarik QATTAB

http://www.leconomiste.com/article.html?a=69418

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