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Morocco Daily

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21 avril 2006

Les banques marocaines se positionnent en Tunisie

http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=27

En même     temps qu’Attijariwafa Bank, la Banque marocaine du commerce extérieur vient     de s’implanter discrètement en Tunisie en entrant dans le capital d’Axis.

    Pendant longtemps très faible, le flux des investissements marocains en     Tunisie est en train de devenir plus fort. Fin octobre 2005, la plus grande     banque marocaine, Attijariwafa Bank –née de la fusion il y a bientôt une     année de Wafa Bank et de la Banque Commerciale du Maroc- a racheté de     concert avec l’espagnole Santander les 33,54% du capital de la Banque du Sud     détenus par l’Etat et certains organismes publics. Mais au moment où l’appel     d’offres portant sur ce paquet d’actions n’avait pas encore livré ses     résultats, une autre banque marocaine a réussi à prendre pied en Tunisie. Il     s’agit de la Banque marocaine du commerce extérieur (B.M.C.E.) qui est     récemment entrée dans le capital d’Axis (conseil, gestion d’actifs et     bientôt intermédiation en Bourse) à hauteur de 50%.

    Toutefois, l’intérêt des banques marocaines pour la Tunisie ne date pas     d’aujourd’hui. En effet, dans les années quatre vingt, Wafa Bank, toujours     elle, a acheté 4% du capital de la Banque internationale arabe de Tunisie (B.I.A.T.)     dans des conditions un peu particulières. L’idée de participations croisées     entre Wafa Bank et la B.I.A.T. est en effet née presque par hasard. Lors     d’une réunion au Maroc de l’Union des banques maghrébines, M. Mansour Moalla,     ancien ministre des Finances, sous Bourguiba, et premier patron de la     B.I.A.T., avait invité ses pairs maghrébins à s’impliquer dans le processus     de construction du Maghreb Arabe en nouant des partenariats entre les     banques maghrébines. «Abdellatif Bennani, alors président-directeur général     de Wafa Bank, a sauté sur l’occasion pour proposer à Si Mansour de réaliser     une participation croisée entre les deux banques. La transaction a été     réalisée sur place après que les équipes de Wafa Bank et de la B.I.A.T.     eurent travaillé parfois jusqu’à deux heures du matin, afin de jeter les     bases de l’accord», se rappelle M. Ezzeddine Saïdane, ancien n°2 de la     B.I.A.T., aujourd’hui à la tête de trois cabinets de conseil financier et de     formation en matière bancaire, après avoir dirigé les deux filiales     tunisiennes de l’Arab Banking Corporation.

    Toutefois, alors que la B.I.A.T. n’a jamais concrétisé son engagement     d’entrer dans le capital de Wafa Bank, celle-ci a fini par céder sa     participation dans le capital de son partenaire tunisien.

En Tunisie, les capitaux marocains sont présents dans une dizaine     d’entreprises de divers secteurs industriels, dont les équipements     automobiles, le textile, le plastique, les boissons et la maroquinerie.

Et comme les banques ont l’habitude d’entraîner là où elles vont des     entreprises de leurs pays d’origine, Banque Santander et Attijariwafa Bank     pourraient en faire de même et contribuer ainsi à donner une forte impulsion     aux investissements espagnols et marocains en Tunisie.

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21 avril 2006

Maroc Télécom à la conquête de l’Afrique subsaharienne

http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=14522

C’est une     certitude. Puisque, des sources proches de l’opérateur marocain indiquent     que Maroc Télécom aurait des visées sérieuses sur le marché de la téléphonie     mobile en Afrique au Sud du Sahara. Et la Mauritanie constituerait la tête     de pont, d’autant que ce pays «semble avoir donné un appétit d’ogre à Maroc     Télécom».

   


    En tout état de cause, le président du directoire de Vivendi Universal,     Jean-Bernard Levy, Maroc Télécom servira de levier à la conquête du     continent.

   


    Pays ciblés, dans un premier temps, le Sénégal (où un appel d’offres pour     une troisième licence mobile serait sur le point d’être lancé), le Burkina     Faso, la Guinée équatoriale et le Gabon. Même la Tunisie n’est pas exclue.     L’annonce faite hier (13 septembre 2005) par Vivendi Universal sur son     intention d’acquérir les 35% de Tunisie Télécom est là pour le prouver.    

   


    Toutefois, la décision finale devrait toujours revenir à Maroc Télécom,     puisque la philosophie du groupe est d’adopter un système décentralisé de     prise de décision.

   


    Il est clair que si cette décision se confirmait, elle irait dans le sens de     la stratégie du Maroc qui semble avoir adopté une politique ouvertement     tournée vers l’Afrique noire, puisque d’importantes entreprises du Royaume     (telle que la Royal Air Maroc) sont en train de créer des filiales un peu     partout sur le continent.

21 avril 2006

Pour Ahmed Ben Bella, la libération des peuples du Sud est inachevée

Alors que se développe en France un débat malsain sur les bienfaits de la colonisation et sur la responsabilité des Arabes dans le blocage de leurs sociétés, le président Ahmed Ben Bella rappelle quelques vérités historiques : l’illégitimité de la domination d’un peuple sur un autre -que ce soit hier en Algérie ou aujourd’hui en Palestine-, la réalité mondiale -et non pas arabe- de la colonisation et des luttes de libération nationale, l’ingérence occidentale pour renverser les gouvernements nationalistes et révolutionnaires du Sud et maintenir les séquelles de la colonisation. Il souligne qu’aujourd’hui, c’est le fondamentalisme évangélique qui exporte la violence. Acteur central de bouleversements historiques sur la scène internationale, il répond aux questions de Silvia Cattori pour le Réseau Voltaire.

Ahmed Ben Bella est une des hautes figures du nationalisme arabe. Il fut l’un des neufs membres du Comité révolutionnaire algérien qui donna naissance au Front de Libération Nationale (FLN). Arrêté par l’occupant français en 1952, il s’évade. Arrêté de nouveau en 1956, avec cinq autres compagnons, il est détenu à la prison de la Santé jusqu’en 1962. Après la signature des accords d’Évian, il devient le premier président élu de l’Algérie indépendante. Sur le plan intérieur, il mène une politique socialiste caractérisée par un vaste programme de réforme agraire. Sur le plan international, il fait entrer son pays à l’ONU et l’engage dans le mouvement des non-alignés. Son influence grandissante dans la lutte contre l’impérialisme conduisent de grandes puissances à favoriser son renversement par un coup d’État militaire. Il est placé en résidence surveillée de 1965 à 1980. Depuis lors, il s’est tenu à l’écart des affaires intérieures de son pays, mais continue à jouer un rôle international, notamment en tant que président de la Campagne internationale contre l’agression en Irak.

Silvia Cattori : Quand vous n’êtes pas en voyage, résidez-vous en Suisse ?

Ahmed Ben Bella : Non, je vis en Algérie, mais je viens souvent en Suisse. J’ai vécu ici durant dix ans, après mes démêlés avec le pouvoir des militaires algériens. En Algérie je suis assailli par les journalistes. Donc, quand j’ai besoin de prendre un peu de repos et de recul avec ce qui se passe là bas, je viens ici où j’ai gardé un petit appartement. Vous savez, j’ai quatre-vingt dix ans !

S.C.- Vous avez l’air d’un jeune homme ! Savez-vous, M. Ben Bella, que vous avez imprimé une très belle image dans le cœur des gens partout dans le monde ?

Ahmed Ben Bella : (Rire) J’ai eu une vie un peu spéciale, il est vrai. J’ai participé à la libération de mon pays. J’ai été l’un des organisateurs de sa lutte de libération. J’ai participé également de façon active à toutes les luttes de libération.

S.C.Vous êtes d’origine arabo-marocaine. Quel lien gardez-vous avec vos racines rurales ?

Ahmed Ben Bella : Oui, je suis Algérien d’origine marocaine par mes parents, mais toute ma vie c’est l’Algérie. Je suis né là-bas. Je suis un fils de paysans pauvres venus très jeunes vivre en Algérie. Je n’ai vu que récemment l’endroit où ils sont nés, dans les environs de la ville de Marrakech.

S.C.En venant à vous, j’ai l’impression d’aller à la rencontre des peuples et des causes pour lesquels vous vous êtes battu toute votre vie. C’est très émouvant de s’entretenir ici de votre combat pour créer un monde plus humain, plus juste. N’incarnez-vous pas tout cela ?

Ahmed Ben Bella : Oui, ma vie est une vie de combat ; je puis dire que cela ne s’est jamais arrêté un seul instant. Un combat que j’ai commencé à l’âge de 16 ans. J’ai 90 ans et ma motivation n’a pas changé : c’est la même ferveur qui m’anime.

S.C.- En 1962, vous accédez aux plus hautes charges de l’Algérie indépendante. Tous les espoirs sont ouverts. De l’Algérie colonisée à sa libération, de la scène politique internationale au combat altermondialiste, vous avez payé cher le prix de votre insoumission.

Ahmed Ben Bella : Oui j’ai payé très cher mon combat pour la justice et la liberté des peuples. Mais voilà, j’ai fait ce que j’ai ressenti comme un devoir, une obligation. Donc, pour moi le choix n’a pas été difficile. Quand je me suis engagé dans la lutte pour mon pays, j’étais très jeune. Mes horizons se sont ouverts. Je me suis très vite rendu compte que les problèmes allaient au-delà de l’Algérie, que la colonisation touchait quantité de peuples, que les trois quart des pays de la planète étaient colonisés d’une façon ou d’une autre. L’Algérie était alors, pour les Français, un département d’outre mer, c’était la France de l’autre coté de la méditerranée. La colonisation par la France en Algérie a duré longtemps : 132 ans. J’ai participé à cette lutte-là en Algérie. Tout de suite après l’indépendance, je me suis associé à tous ceux qui, dans le monde, se battaient eux aussi pour libérer leur pays. Il y a donc eu cette phase de la lutte de libération nationale à laquelle j’ai participé de façon totale. En Tunisie, au Maroc, au Vietnam, l’Algérie était devenue un peu la mère des luttes de libération ; les soutenir était donc pour nous une tâche sacrée. Quand quelqu’un venait nous demander de l’aide, c’était sacré. On ne réfléchissait même pas. On les aidait, alors même que nous n’avions que peu de moyens ; on leur offrait des armes, un peu d’argent et, le cas échéant, des hommes.

S.C.- En 1965, ce ne sont pas les Français qui vous emprisonnent, ce sont vos frères d’armes. Que ressentez-vous, aujourd’hui, à l’égard de ceux qui vous ont brutalement barré la route ?

Ahmed Ben Bella : Je ne ressens pas de mépris, je ne ressens pas de haine. Je pense qu’ils ont participé à quelque chose qui n’était pas très propre et qui a été très dommageable, non seulement pour le peuple algérien, mais également pour les autres peuples qui comptaient alors sur notre soutien. Mon combat pour apporter de meilleures conditions de vie aux Algériens, alors plongés dans une grande misère, et mon combat pour aider les autres peuples encore colonisés à recouvrer leur liberté, dérangeait fort certains pouvoirs. De leur point de vue j’allais trop loin. Je devais disparaître. Ceci pour dire que, si l’armée algérienne ne m’avait pas renversé, d’autres l’auraient fait. Je devais disparaître, parce que je devenais trop gênant. J’abritais pratiquement tous les mouvements de libération, y compris ceux venus d’Amérique latine.

S.C.- Etiez-vous déjà en contact avec Fidel Castro ?

Ahmed Ben Bella : Oui, le Che était venu à Alger m’apporter le message de Fidel Castro que j’avais rencontré deux fois. Il nous demandait de soutenir les luttes qui se développaient en Amérique du Sud, car Cuba ne pouvait rien faire ; elle était sous le contrôle des États-Unis qui occupaient la baie de Guantanamo. Rien ne pouvait donc sortir de Cuba, même pas une boîte d’allumettes, sans que les États-Unis le sachent. Je n’ai pas hésité une seconde. C’est depuis l’Algérie, et avec la participation du Che, qui est resté chez nous durant six mois, que s’est créé l’État major de l’armée de libération de l’Amérique du sud. Je peux le dire maintenant : tous les combattants qui participaient à la lutte de libération en Amérique du Sud sont venus en Algérie ; c’est de là que tout ceux qui luttaient sont partis. On les a entraînés, on s’est arrangé pour que les armes arrivent chez eux, on a créé des réseaux.


S.C.- En quelle année Che Guevara est-il venu en Algérie ?

Ahmed Ben Bella : Le Che est venu en 1963, peu après mon arrivée au pouvoir. Avec mon gouvernement, nous nous sommes engagés à apporter notre aide aux luttes de libération nationale. À ce moment-là, de nombreux pays étaient encore colonisés ou sortaient à peine de la colonisation. Toute l’Afrique pratiquement était dans ce cas. Nous l’avons soutenue. M. Mandela et M. Amilcar Cabral sont venus eux aussi en Algérie. C’est moi qui les ai entraînés ; ensuite ils sont repartis mener la lutte de libération chez eux. Pour d’autres mouvements, qui n’étaient pas engagés dans la lutte armée ou qui n’avaient besoin que d’un soutien politique, comme le Mali, nous les aidions sur d’autres plans.

S.C.- Qui vous a écarté précisément en 1965 ? L’armée algérienne ou des forces extérieures ?

Ahmed Ben Bella : Je suis certain que, indirectement, il y a eu l’intervention de puissances étrangères. Nous avons vu ailleurs les mêmes mécanismes. Partout où les luttes de libération nationale ont triomphé, une fois le pouvoir constitué, il y a eu des coups d’État militaires qui ont renversé leurs dirigeants. Cela s’est produit maintes fois. En deux ans, y a eu 22 coups d’État militaires, essentiellement en Afrique et dans le tiers-monde. Le coup d’État d’Alger, en 1965, est celui qui a ouvert la voie. L’Algérie n’a donc été que le début de quelque chose qui était en germe : c’est pourquoi je dis que c’est le système capitaliste mondial qui finalement a réagi contre nous.

S.C.- Êtes-vous marxiste ?

Ahmed Ben Bella : Je ne suis pas marxiste, mais je me situe résolument à gauche. Je suis arabe musulman, orienté très à gauche dans mon action, dans mes convictions. C’est pourquoi, même si je ne partage pas la doctrine marxiste, je me suis toujours trouvé aux côtés de tous les mouvements de gauche dans le monde et des pays socialistes qui, comme Cuba, la Chine, l’URSS, ont mené le combat anticolonialiste et anti-impérialiste. C’est avec eux que nous avons constitué un front de libération et apporté notre appui logistique aux armées populaires pour aider leurs pays à sortir du colonialisme et instaurer un régime intérieur national. C’était la phase de liquidation du colonialisme. Le colonialisme est une idée qui est née en Occident et qui a conduit les pays occidentaux - comme la France, l’Italie, la Belgique, la Grande Bretagne - à occuper des pays hors du continent européen. Un colonialisme dans sa forme primitive, c’est-à-dire par l’installation à demeure de pouvoirs étrangers répressifs, avec une armée, des services, des polices. Cette phase a connu des occupations coloniales cruelles qui ont duré jusqu’à 300 ans en Indonésie.

S.C.- Après cette phase, n’étiez-vous pas actif dans le mouvement des pays non alignés ?

Ahmed Ben Bella : Il n’y a plus de pays non alignés. Ce mouvement a été créé par des hommes de très grande qualité tels Nehru, Mao Tsé-toung, Nasser et d’autres grands noms ; à une époque surtout où il y avait le risque d’une guerre atomique. C’était l’affrontement entre l’URSS et les États-Unis. Nous étions au bord de la guerre nucléaire. Les pays non alignés ont joué un rôle important pour l’empêcher. Ce mouvement a duré un certain nombre d’années. Mais le système a fini par avoir raison de lui.

S.C.- Par la suite, n’avez-vous pas joué un rôle important dans le développement du mouvement altermondialiste ?

Ahmed Ben Bella : Le système mondial qui préside à tout ce dont nous avons parlé, a inventé une autre forme de domination : la « mondialisation ». « Mondialisation » est un mot très beau en soi. Un mot qui peut unir, amener la fraternité entre les peuples. Or, le mot « mondialisation » tel qu’il a été conçu, est un mot qui fait très mal. Un mot qui a amené à la mondialisation de la misère, de la mort, de la faim : 35 millions de personnes meurent de malnutrition chaque année. Oui, ce serait un très beau mot, si l’on avait mondialisé le bien, apporté le bien être pour tous. Or, c’est tout le contraire. C’est une globalisation perverse ; elle mondialise le mal, elle mondialise la mort, elle mondialise la pauvreté.

S.C.- La mondialisation n’a-t-elle eu que des effets pervers ?

Ahmed Ben Bella : Le seul avantage que nous en avons retiré est que nous sommes aujourd’hui mieux informés qu’hier. Nul ne peut plus ignorer le fait que ce système amène à l’extension de la faim. Des richesses ont été créées, mais ce sont des richesses factices. Ce sont des multinationales, comme General Motors et Nestlé, ce sont de grands groupes industriels qui pèsent, sur le plan monétaire, beaucoup plus que de grands pays comme l’ Égypte. Si on se base sur ses gains, General Motors, par exemple, est quatre fois plus riche que l’Égypte, qui est un pays de 70 millions d’habitants, le pays des Pharaons, un pays extraordinaire, le pays arabe le plus éduqué ! Cela vous donne une image de ce que signifie le mot « mondialisation ». Voilà pourquoi j’ai combattu ce système qui favorise des groupes qui représentent, sur le plan monétaire, beaucoup plus qu’un grand pays et génèrent tant d’inégalités. Voilà pourquoi nous devons, nous autres, favoriser une meilleure compréhension des problèmes, qui ont été compliqués à souhait, mais qui sont finalement l’expression d’une seule chose : la mise en place d’un système inhumain.

S.C.- Malgré la volonté clairement exprimée, en 2003, par les trois quarts des peuples de la planète, les mouvements progressistes n’ont pas réussi à empêcher la guerre. N’avez-vous pas, parfois, le sentiment, que ceux qui sont à la direction des mouvements, ont manqué une marche ; ou carrément fait fausse route pour n’avoir pas su identifier les vraies motivations de l’adversaire ?

Ahmed Ben Bella : Moi qui suis un homme du sud, je constate que quelque chose a changé dans le nord, qui est très important à relever. Ce qui a changé précisément dans cette aire dite avancée du nord, qui nous a fait la guerre, qui nous a colonisés, qui nous a fait des choses terribles, est qu’il y a aujourd’hui une opinion qui s’exprime, qu’il y a des jeunes qui disent « assez ». Ceci indique que ce système mondial pervers ne frappe plus seulement le sud mais aussi le nord. Par le passé on parlait de pauvreté, de misère uniquement dans le sud. Il y a maintenant beaucoup de misère, beaucoup de maux qui font des victimes dans le nord également. Cela est devenu manifeste : ce système mondial n’est pas fait pour servir le bien de tous, mais pour servir des sociétés multinationales.

Donc, à l’intérieur de ce nord, que nous avons tellement combattu, il y a maintenant un mouvement, il y a toute une jeunesse qui veut agir, qui descend dans la rue, qui proteste, même si la gauche n’a pas su donner, à ces jeunes qui veulent des changements, les clés de la solution. Cela s’est toujours passé ainsi : tout mouvement commence de cette façon. Le mouvement de libération que j’ai conduit en Algérie, l’organisation que j’ai créée pour combattre l’armée française, était au départ un petit mouvement de rien du tout. Nous n’étions que quelques dizaines à travers toute l’Algérie, un territoire qui représente cinq fois la France.

S.C.- Qu’ont-elles obtenu, ces générations de jeunes qui ont mis tant d’espoir dans Attac, par exemple, qui propose de « réformer la mondialisation » ! Mais n’eut-il a pas fallu refuser son principe même et adopter des mesures plus radicales, face à la radicalité du système dit libéral ?

Ahmed Ben Bella : Les gens de gauche, une fois au pouvoir, ne sont pas différents de ceux des autres partis. En ce qui concerne l’Algérie, nous avons essayé de travailler avec la gauche française. Or nous n’avons pas connu de pire pouvoir que celui exercé par le parti socialiste français. La pire des choses qui nous soit arrivée ce fut avec les socialistes. Aucun pouvoir politique auparavant ne nous avait combattus aussi durement que celui du socialiste Guy Mollet. Je vous parle de faits précis. Je parle de ce que j’ai connu. J’étais à la tête du FLN quand le gouvernement de Guy Mollet - après avoir compris que la France ne pourrait se maintenir en Algérie – a contacté Gamal Abdel Nasser pour qu’il nous demande si nous étions prêts à discuter avec eux. C’est ce que j’avais toujours prévu ; qu’un jour il allait falloir s’asseoir autour d’une table et définir la meilleure façon pour l’Algérie de devenir totalement indépendante. C’était le but que nous recherchions : redevenir libres, ne plus vivre sous la férule d’un système oppressif. J’ai dit oui, que j’étais prêt à négocier, à condition que ce soit eux, les Français, qui en fassent la demande. C’était important, car c’est toujours celui qui est le plus faible qui demande à négocier. J’ai exigé que les négociations se déroulent en Égypte. Les négociations ont duré six mois. Nous sommes arrivés à une solution. Avec ce bout de papier en poche, en septembre 1956, je suis allé informer Mohammed V, le roi du Maroc. Il s’était impliqué dans cette lutte, il nous avait aidés, y compris militairement. Puis, alors que nous nous rendions en Tunisie, où nous voulions également informer les autorités, notre avion a été pris en chasse par l’aviation française. C’était le premier détournement d’avion de l’histoire. Il y avait, dans cet avion, les deux tiers des dirigeants de la révolution algérienne. Ils voulaient nous liquider tout de suite. C’est un miracle si nous avons échappé à la mort. Tout ceci pour vous dire ce que je pense des socialistes : c’était Guy Mollet qui, à peine avait-il signé un engagement, le trahissait. Je pourrais dire la même chose du gouverneur Lacoste, c’était un socialiste lui aussi. Non, les partis de gauche ne nous ont pas soutenus, au contraire. Quoi qu’il en soit, c’est la gauche qui nous intéressait et c’est avec elle que je continue de me battre. Je suis un homme de gauche.

S.C.- Alors quand vous côtoyez les représentants de l’internationale socialiste, sur les podiums des Forums sociaux, vous arrive-t-il de vous dire qu’ils sont là pour leur prestige personnel avant tout ?

Ahmed Ben Bella : Oui il m’arrive de penser qu’ils ne sont pas sérieux. Moi je veux vraiment le changer ce monde. Je veux que ce monde change. Pour changer les choses, nous avons besoin de gens sincères et désintéressés, avant tout.

S.C.- Vous croyez en la nécessité d’un changement ?

Ahmed Ben Bella : Oui, depuis ma prime jeunesse je crois en cette nécessité. Je reviens sur ce que vous disiez. Ce qui personnellement m’amène à avoir une certaine confiance en l’avenir. Je veux parler de ce que j’observe ici, en Occident. Je suis convaincu que le système libéral n’a pas d’avenir. Ces jeunes, ces lycéens que j’ai vu descendre dans les rues, qui n’ont rien que leur idéal de justice ; ces jeunes qui manifestent, qui sont en quête d’autres valeurs, j’aimerais leur dire : « J’ai commencé comme cela, quand j’avais votre âge, par de petits pas. Et peu à peu c’est tout un peuple qui m’a suivi. » Quand je vais à des manifestations, je les observe, je parle avec eux, je vois que ce sont eux qui ont les cartes en mains.

S.C.- La question se pose avec insistance : les dirigeants des mouvements anti-impérialistes n’ont-ils pas ménagé Israël, un État idéologiquement et législativement raciste qui mène depuis sa création une politique d’épuration ethnique en Palestine ? Par conséquent, ils ont mal orienté des générations de jeunes, faussé le débat, pendant qu’Israël était très actif aux côtés des États-Unis pour combattre le communisme, combattre Nasser et le nationalisme arabe, soutenir des régimes affreux ?

Ahmed Ben Bella : Ces questions sont aujourd’hui sur la table, elles font débat. Nous ne voulons pas d’une solidarité biaisée. Nous ne voulons pas d’un État qui, comme Israël, soit l’outil préféré de ce système global cruel conduit par les États-Unis, qui pratiquent une politique qui a déjà fait tellement de mal. Pour nous, il y a double trahison. La trahison, d’abord, de ceux qui, dans le camp de la gauche, auraient dû se trouver à nos côtés, loyaux à la cause palestinienne et arabe, et qui ne l’ont pas été. La trahison, ensuite, de tous ces juifs avec qui nous nous sentons proches, avec qui nous avons des ressemblances, et avec lesquels nous vivions en parfaite harmonie. Les Arabes et les juifs sont des cousins. Nous parlons la même langue. Ils sont sémites comme nous. Eux ils parlent l’Araméen, nous parlons l’Araméen. L’Araméen comporte plusieurs branches : l’Ethiopie parle Araméen, l’Erythrée parle Araméen, les gens de confession juive parlent l’Araméen, les arabes parlent l’Araméen. C’est cela qui nous fait très mal : c’est de nous savoir trahis par ceux qui sont si près de nous, par des gens qui sont nos cousins, qui nous ressemblent et qui parlent Araméen comme nous. L’antisémitisme, nous le connaissons ; nous sommes sémites. J’ajoute à cela que, même leur prophète est notre prophète. Moïse et Jésus Christ sont des prophètes chez nous.


S.C.- Depuis la fin du multilatéralisme, l’ONU est mise sous la coupe de Washington et des néo-conservateurs. Tout pays arabe qui ne se soumet pas à leurs diktats est mis au ban des nations. Comment jugez-vous cette situation ? Comment en sortir ? Aussi, confronté a l’unilatéralisme israélien, le Hamas n’est-il pas condamné à échouer, et à renoncer à ce pourquoi son peuple se bat depuis 60 ans ?

Ahmed Ben Bella : Je pense que le Hamas est caractéristique de ce qui se passe chez nous, de cette dimension qui maintenant prend une forte couleur religieuse, qui endosse l’Islam. Je suis un Arabe musulman, je ne voudrais pas vivre dans un pays dirigé par un intégrisme islamique. Mais je vous parle très franchement : je ne les blâme pas. Parce que ce besoin de religion a été créé par les distorsions du système capitaliste. C’est à force de nous faire du mal que, finalement, au lieu d’avoir face à eux un mouvement, oui, qui endosse l’arabité, qui endosse la culture et reste ouvert, les extrémistes, Israël et les États-Unis, se retrouvent face à cette dimension. Ce sont eux qui ont créé cette situation.

S.C.- Vous ne voulez pas de réponse religieuse ?

Ahmed Ben Bella : Je suis musulman, mais je ne souhaite pas que la réponse soit religieuse. Ce n’est pas le fait religieux en soi que je récuse, non, mais le fait que l’on puisse faire une lecture qui ne va pas dans le sens de la rénovation de l’Islam, que l’on puisse faire une lecture rétrograde de l’Islam ; alors que dans l’Islam nous avons l’avantage de croire aux deux religions : la religion juive et la religion chrétienne. Pour nous Mohammed n’est que le continuum de Jésus Christ et de Moïse.

S.C.- Les musulmans n’ont-ils pas pris la tête de la résistance anticoloniale aujourd’hui ? N’y a-t-il pas lieu de reconnaître que ce ne sont pas les valeurs de l’Occident que les arabo-musulmans combattent, mais sa politique agressive ? Le Hezbollah, par exemple, qui a si mauvaise presse chez nous, n’a-t-il pas fait reculer l’impérialisme américain et israélien au Liban ? Les progressistes ne devraient-ils pas surmonter leurs préjugés à l’égard des musulmans, les considérer comme un élément dynamique dans la lutte contre l’oppression et les soutenir ?

Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Là il y a un problème d’éducation. Il appartient à ceux qui sont à la direction des partis progressistes de répondre de façon correcte à des situations données. Or ce n’est pas le cas. Nous avons un drapeau, nous avons un hymne national, le reste ce sont les Occidentaux, toutes tendances confondues, qui le décident à notre place. Tout cela, enrobé avec de jolis mots, sous couvert de l’aide d’organismes comme la Banque mondiale et le FMI, qui ne sont rien d’autre que des instruments de torture créés par l’Occident pour continuer sa domination. Ce qui signifie que nous sommes sortis d’un système de colonialisme direct en échange de quelque chose qui parait meilleur, mais qui ne l’est pas. Toutefois, je vous le redis, j’ai cet espoir que dans ce nord qui nous a déjà fait tant de mal, sa jeunesse est en train de prendre la mesure de cette logique de domination qui crée de plus en plus de pauvreté aussi bien au nord qu’au sud. Même si ce n’est pas la même domination que celle qui s’applique au sud, c’est une situation d’indigence qu’aucun être libre ne peut accepter. Combien de gens ne sont-ils pas livrés au chômage, à la pauvreté, à la rue ? C’est cela, peut-être, qui finira par inciter les peuples du nord à changer d’optique et à s’associer de manière franche avec nous.

S.C.- Mais nous ne voyons pas aujourd’hui grand monde, en Occident, protester contre les atrocités commises en Irak, en Palestine, en Afghanistan. N’avez-vous pas l’impression qu’il y a tellement de préjugés, savamment entretenus, vis-à-vis des arabes et des musulmans - y compris dans les organisations anti-guerre - que soutenir leur résistance, est une idée très éloignée d’eux ?

Ahmed Ben Bella : C’est vrai, les partis de gauche que l’on attendait ne sont pas au rendez-vous ; ils se sont braqués là dessus. Dès que l’on parle de l’Islam, ils vous opposent Ben Laden. Je ne voudrais pas vivre dans sa république, mais je ne le critique pas. Quand je vois ce que Bush fait, je ne me permets pas de critiquer Ben Laden. Je vous le dis franchement : les attaques contre les tours de New York, je ne les ai pas condamnées. Je condamne Bush, je condamne le gouvernement américain, parce que je considère que Ben Laden est le fruit de leur politique. Ils ont fermé toutes les portes du dialogue aux arabo-musulmans. Ils leur ont fait croire durant des décennies que, s’ils faisaient ceci ou cela, l’Occident rendrait justice en Palestine. Or, Israël et ses alliés n’ont jamais voulu la paix chez nous. Israël n’a cessé de faire la guerre et de terroriser nos peuples. Ben Laden est indirectement la création de Bush et d’Israël. Ces deux États sèment la mort et la haine au Moyen-Orient et dans le monde : ils ne nous ont laissé aucune autre alternative que celle de la confrontation violente. Tous ces mouvements radicaux, qualifiés de « terroristes », « d’intégristes », sont nés pour répondre aux terroristes qui, à Tel Aviv et Washington, mènent des guerres de destruction des peuples arabes. Quels choix ont-ils, ces peuples qu’ils bombardent avec une telle sauvagerie ? Face aux armées modernes, ils n’ont d’autres armes que de sacrifier leur vie en se faisant exploser, voilà. Dans le Coran on appelle cela « shahâdah ». C’est une idée extraordinaire qui s’exprime dans ce mot. C’est un état de désespoir, où celui qui l’éprouve, en arrive à ne plus supporter de vivre. Il se sacrifie, non pas pour obtenir une vie meilleure pour lui-même, mais pour que les siens au moins puissent vivre mieux. C’est le plus grand sacrifice. On les appelle ici en Occident « des terroristes ». Or, je vous le dis en toute sincérité, moi je m’incline devant quelqu’un qui fait un pareil sacrifice, je vous assure.

S.C.- Si je comprends bien, vous dites que tout ce qui met en révolte les gens au Moyen-Orient a été généré par l’Occident. Que ceux qui se battent doivent se sacrifier, souffrir pour les autres ? Que les Arabes ont fait preuve de tolérance par le passé ?

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. La violence qui s’exprime dans le monde arabo-musulman est le résultat de la culture de haine et de violence qu’Israël a engendré en s’imposant par la force sur les terres des Arabes. Ce sont les atrocités de cet État illégal qui contraint les plus valeureux à réagir. Je ne pense pas qu’il y ait combat plus noble que celui des Palestiniens qui résistent contre leur occupant. Quand je vois ce que ce peuple a enduré depuis plus d’un siècle, et qu’il continue de trouver la force de se battre, je suis admiratif. Aujourd’hui, ceux-là mêmes qui massacrent ce peuple, sont en train de faire passer les gens du Hamas pour des fascistes, des terroristes. Ce ne sont pas des fascistes, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des résistants !

S.C.- La Palestine est une nation emprisonnée. Comment en est-on arrivé, même à gauche, à parler de « terrorisme », au lieu de parler du droit de résister par les armes ? Voyez-vous des parallèles ou des différences majeures entre la colonisation de l’Algérie par la France et la colonisation de la Palestine par Israël ?

Ahmed Ben Bella : C’est pire en Palestine. Avec l’apartheid en plus. Les Français ne pouvaient pas nous chasser hors d’un pays grand comme cinq fois la France. Ils ont bien essayé de créer au nord une zone tampon, avec le moins d’Algériens possible, mais cela n’a pas réussi. Ils n’ont pas mis en place un véritable apartheid comme les Israéliens en Palestine. L’État d’Israël a créé la plus terrible des dominations.

S.C.- À votre avis, les Palestiniens vivront-ils moins longtemps sous occupation que les Algériens ?

Ahmed Ben Bella : Je crois que oui. D’abord, le colonialisme est un phénomène qui est clairement établi et sanctionné par les lois internationales. Ensuite, s’il y a une question qui fait l’unanimité dans le monde arabe, c’est la Palestine. Aussi longtemps que les Palestiniens n’obtiennent pas justice, le monde arabe musulman ne pourra pas se sentir libre non plus. C’est comme une partie de leur chair qui reste captive.

S.C.- Autrefois, la politique n’était pas plus noble, mais il y avait encore un équilibre. Depuis la fin de la bipolarité, les principes moraux les plus élémentaires ont été balayés. Partout on parle de combattre le « terrorisme », mais on ne parle guère des 800 enfants tués en Palestine par les soldats israéliens depuis 2000 ; des millions d’enfants irakiens tués ou malades qui n’ont plus droit à un développement normal. Guantanamo, Abu Ghraïb, auraient-ils été possibles si la Communauté Internationale avait eu la décence de dire non à la violence de Washington ? Quel responsable étatique a encore les mains propres dans cette prétendue guerre contre « le terrorisme » ?

Ahmed Ben Bella : C’est énorme ce qui s’est passé à Guantanamo, à Abu Ghraïb et ailleurs. Et toute cette horreur continue de se propager et de générer de grandes souffrances. Nous apprenons que les États-Unis ont installé des prisons en Europe de l’Est pour échapper aux juridictions de leur pays et que l’Europe participe de tout cela. Il est même reproché à la Suisse d’avoir autorisé le survol de son territoire par ces avions qui transportent des prisonniers fantômes, kidnappés, soumis à des tortures.

S.C.- Quels sont, selon vous, les moyens de contrer la stratégie mise en place par Bush et les néo-conservateurs ?

Ahmed Ben Bella : C’est un mouvement intégriste, mais chrétien celui-là ! Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est celui-là : l’idéologie de Bush est le pire intégrisme que l’on puisse imaginer. Ce sont les fameux évangélistes protestants qui inspirent Bush. C’est un intégrisme terrible. Quels sont finalement les moyens que nous avons pour combattre ? Je vous ai parlé des espoirs que je mets dans la jeunesse, tout en sachant qu’elle n’a pas de vrais moyens pour combattre ce système effrayant. Je sais, il ne suffit pas de descendre dans la rue. Il faut passer à autre chose, inventer d’autres moyens d’action, mais il faut agir et non pas subir. Et quand on a le sentiment de ne pas avancer, il faut se dire que l’on passe par des phases, qu’il faut un certain temps avant d’atteindre la compréhension du grand nombre. On commence à agir avec ceux qui ont une compréhension claire, même si cela ne couvre pas la totalité des problèmes. Mais ensuite, on doit passer par-dessus les obstacles, et se dire que ce n’est ni le parti socialiste, tout socialiste qu’il se déclare, ni telle association qui va changer ce monde.

S.C.- Pour parvenir à un rééquilibrage, la solution peut-elle venir du côté de la Chine et de la Russie ?

Ahmed Ben Bella : Je pense qu’un espoir peut venir de la Chine. Par le passé, la Russie nous a aidés de façon extraordinaire. Mais pour l’instant, malheureusement, la Russie n’est pas dans une situation facile. Je ne mettrais pas d’espoirs en elle. Je compterais beaucoup plus sur la Chine. D’abord elle a des arguments que la Russie n’a pas. C’est un pays qui est en tête des pays en expansion. Même l’Occident va s’implanter en Chine pour vivifier son économie. D’ici 20 ans on verra la nouvelle carte politique.

S.C.- En attendant, que dire aux peuples laissés à l’abandon, en Palestine, en Irak ?

Ahmed Ben Bella : On n’agit jamais en pensant que c’est nous qui allons en être les bénéficiaires. On agit parce qu’il faut agir. Jamais les grandes conquêtes n’ont été le fruit d’une seule génération. On dit chez nous que celui qui mange n’est pas celui qui sert le plat. Il faut créer des réseaux de solidarité qui soutiennent sans conditions la lutte de ces peuples.

S.C.- Que dire aussi à cette jeunesse que vous avez mentionnée, témoin de tant d’abus ?

Ahmed Ben Bella : Il faut qu’ils aillent outre, qu’ils prennent des initiatives. S’il ne suffit plus de se réunir périodiquement à des grands rassemblements, si rien ne change, il faut passer à autre chose : inventer de nouvelles formes de luttes sans attendre.

S.C.- Mais le temps n’est-il pas venu que les Arabes prennent la direction du mouvement anti-guerre jusqu’ici entre les mains d’Occidentaux ?

Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Vu la gravité de la situation au Moyen-Orient, ce sont des Palestiniens ou des représentants des mouvements du monde arabe qui doivent bouger. Je pense que ce mouvement arabe, le mouvement palestinien, toutes ces forces, si elles se conjuguent et dépassent leurs différends, sont un espoir pas seulement pour les Arabes. Elles peuvent contribuer également à changer ce monde, le système mondial tel qu’il fonctionne.

S.C.- Vous semblez optimiste !

Ahmed Ben Bella : Oh vous savez, je ne suis pas rien qu’optimiste : je passe ma vie à agir. Je ne me contente pas de faire des discours, je consacre tout mon temps à agir par le biais de l’organisation Nord-Sud. Aussi je crois que, parfois, les forces de l’espoir viennent de là où on les attend le moins.

S.C.- Le premier congrès constitutif de l’Alliance Populaire Arabe de Résistance s’est tenu fin mars 2006 au Caire. Les participants ont appelé les peuples à se mettre « sous la bannière de l’internationalisme pour soutenir le peuple arabe dans sa lutte contre l’agression impérialiste ». N’est-il pas le point de départ d’une campagne qui, si les partis progressistes d’Occident s’y rallient, pourrait relancer le mouvement anti-guerre et aller dans le sens de vos souhaits ?

Ahmed Ben Bella : Oui, je suis personnellement favorable à cette initiative. L’essentiel est d’avancer. On n’avance pas si l’on doute, si l’on pense que c’est fini. Si l’on campe sur des dissensions. On avance et on corrige les défauts. La vie c’est cela. Il y a aussi, dans le camp arabe, beaucoup d’obstacles à surmonter. Nous devons faire un effort pour dépasser les dissensions. En effet, nous connaissons, dans le mouvement arabe, les mêmes faiblesses que connaît le mouvement anti-impérialiste en Occident.

S.C.- Il y a près de dix mille palestiniens emprisonnés arbitrairement dans les geôles israéliennes. Ils ne sont pas reconnus comme prisonniers politiques. Ahmed Sa’adat - kidnappé par Israël en mars 2006, à Jéricho, avec cinq compagnons - alors qu’il était sous garde américano-britannique - est depuis soumis à des tortures continues. Il a réaffirmé sa volonté de ne pas céder, en disant : « Peu importe l’endroit où je serai, je continuerai à combattre ». Vous devez vous reconnaître en cette affirmation, vous qui savez ce que cela veut dire vivre emprisonné ?

Ahmed Ben Bella : Oui, j’ai vécu 24 ans et demi en prison. Quand les Français m’ont enfermé à la Santé, ils m’ont mis là avec les détenus que l’on guillotinait. Je voyais la guillotine depuis ma cellule. C’est terrible ce qu’Israël fait subir comme mauvais traitements aux Palestiniens. Actuellement je n’ai qu’un seul projet : c’est la Palestine. Je ferai tout mon possible pour les aider. Pour parvenir à la paix, en Palestine et dans le monde, il faut que ce système de marchands s’en aille. Parce que les problèmes sont immenses, les dégâts sont immenses. Laisser le monde entre les mains de marchands et de tueurs est un crime. C’est cela le terrorisme. Ce n’est pas Ben Laden.

S.C.- Quand vous entendez des chefs d’État dire qu’ils font la guerre en Irak au nom de la liberté et de la démocratie, qu’avez-vous envie de leur dire ?

Ahmed Ben Bella : Je leur dis que le droit à la vie est le premier des droits humains. Les droits de l’homme c’est le droit de vivre. Tous les philosophes chez nous parlent du droit à la vie. Sauvegarder la vie, vivre, est la première des choses auxquelles chacun aspire. Or le système mondial ne s’embarrasse pas de garantir ce droit. Il exploite, il tue. Et quand il ne peut pas tuer, il construit des prisons sauvages, abus qui prétendent apporter la démocratie. Les États-Unis se sont mis à faire, en Afghanistan et en Irak, ce qu’Israël a toujours fait contre les Palestiniens. On nous parle de démocratie israélienne, américaine. Mais quelle démocratie ont-ils apporté en détruisant toute chance de vie ?

S.C.- Vous souffrez pour l’Irak ?

Ahmed Ben Bella : Ah oui l’Irak pour moi…je suis allé quinze fois en Irak, vous savez. (Un silence) [1] J’ai failli être tué en Irak. C’est insupportable de voir ce que l’on a fait à l’Irak ! À ce pays qui est le berceau de la civilisation ! L’Irak, c’est là où on a commencé à cultiver la terre, c’est là où est née l’humanité, c’est là où se sont fondus les premiers principes, c’est là qu’est né l’alphabet, le premier code, est celui d’Hammourabi. Tout cela a été détruit par des dirigeants incultes, par une nation qui n’a pas plus de 250 ans d’histoire, qui était une colonie de la Grande-Bretagne. Ils ont liquidé le colonialisme anglais et ils ont instauré un colonialisme planétaire. Que sont devenus les 80 millions d’Amérindiens ? Jamais je ne retournerai en Amérique, c’est un pays de brigands.

S.C.- Ressentez-vous comme racistes les guerres menées en Afghanistan et au Moyen-Orient ?

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Ce sont des guerres menées contre l’Islam, contre la civilisation arabe. Cela saute aux yeux. Sur les pays qui sont hors la loi, selon Bush, un seul n’est pas arabo-musulman, la Corée du Nord. Les autres, la Syrie, l’Irak, le Soudan, l’Iran sont tous musulmans. Les croisades visaient soi-disant à récupérer le tombeau de Jésus Christ. Parfois, pour taquiner les Occidentaux, je leur dis : Jésus Christ, quelle langue parlait-il ? Il parlait ma langue, pas la vôtre, il parlait l’Araméen comme moi ! Quand vous lisez la bible, Jésus Christ dit : "Eli, Eli, Lama sabakta-ni" [2] Et nous disons en Algérie : "Ilahi limada sabakta-ni". Ce sont exactement les mêmes paroles qu’a prononcées Jésus. Jésus parlait comme moi. L’Islam tire beaucoup de choses de l’Évangile ou bien de la Bible, qu’il est venu compléter.

A force de voir ces abus, j’explose. On nous a fait tellement de mal. On nous a atteints dans notre dignité. Sans parler de ce petit peuple en Palestine. Combien de Palestiniens sont obligés de vivre sous la férule la plus abjecte ? Notre réaction n’est pas du racisme, Je vous assure. Nous en avons plus qu’assez. L’Occident nous a fait beaucoup de mal. N’est-ce pas en Occident que se sont produits les pires crimes contre l’humanité ? Le fascisme, où est-il né ? Le nazisme, où est-il né ? Le stalinisme, où est-il né ? La fameuse inquisition, qui a duré 400 ans, où s’est-elle déployée ? Franchement il faut beaucoup, beaucoup d’abnégation pour se dire chaque jour qui passe, je ne veux pas haïr l’Occident.

S.C.- Ne faut-il pas incriminer les tenants du « choc des civilisations », les pro-israéliens, comme les principaux instigateurs de la haine anti-arabe, anti-islam, qui se répand de façon inquiétante contre vos peuples ?

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Le Lobby israélien aux États-Unis est quelque chose de terrible. Jusqu’ici il était interdit d’en parler sans se voir accusé d’antisémitisme. Récemment, plusieurs études sont venues attester par des exemples inattaquables le poids du lobby israélien dans les options politiques et militaires prises contre nous [3]. Plus personne aujourd’hui peut nier l’importance, voire le danger, de ce lobby qui pénètre toutes les sphères stratégiques. Je suis donc très concerné par cet aspect des choses qui rend encore plus difficile le règlement de la question palestinienne.

Je vais vous dire, alors que l’Islam a connu beaucoup de misères, jamais l’Islam n’a fait du mal à d’autres pays. Dans l’histoire, l’Islam a montré une tolérance qui n’existe nulle part ailleurs, alors qu’Israël a réussi à s’implanter par la force dans un espace et dans un lieu qui était habité par les Palestiniens - l’un des peuples arabes les plus évolués - et à y créer, en les dépossédant de leur terre, un État raciste. Aussi longtemps qu’Israël refusera de reconnaître le droit des Palestiniens à exister et revenir sur leur terre, il n’y aura pas de paix dans le monde.

         
    

Entretien réalisé par Silvia Cattori pour le Réseau Voltaire.

21 avril 2006

Bouteflika malade du secret d'Etat ?

Bouteflika au Val-de-Grâce pour une "visite de routine" ? Nombreux sont ceux qui n'y croient pas, envisageant plutôt une brusque aggravation de son état de santé



 

La version officielle de l'hospitalisation à Paris d'Abdelaziz Bouteflika - un suivi médical de routine - suscite de nombreuses interrogations dans les journaux français et la sphère politique. Le président algérien, qui est âgé de 69 ans, a été admis mercredi soir à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce pour un "bilan de santé" cinq mois après avoir été opéré d'un ulcère hémorragique à l'estomac.

"On ne doit pas nous prendre pour des naïfs", s'indigne Bernard Debré, député UMP de Paris et chef du service urologie de l'hôpital Cochin dans les colonnes du Parisien. "Ce qu'on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd'hui", explique-t-il. "Quand un ulcère hémorragique a été traité puis guéri, il s'agit d'effectuer un simple contrôle fibroscopique, qui peut être fait dans n'importe quel hôpital algérien. On peut se demander pourquoi Bouteflika vient à Paris pour un contrôle aussi simple".

La rareté des informations sur l'état de santé du président algérien lors de son hospitalisation à Paris fin novembre avait alimenté diverses rumeurs, qu'Abdelaziz Bouteflika s'était efforcé de dissiper en apparaissant à la télévision avant son départ de France. On l'a vu depuis à l'occasion de plusieurs grands rendez-vous internationaux et en tournée en Algérie. Lors de l'un de ces déplacements, dimanche, il s'en est de nouveau pris à la France, qu'il a accusée de "génocide de l'identité algérienne" pendant les 130 années de colonisation.

Brusque aggravation
Pour les journaux français, cette "sortie" virulente prouve que l'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika n'était pas prévue de longue date mais qu'elle est due à une brusque aggravation de son état de santé. "On le voit mal en effet s'en prendre aussi violemment à la France cinq jours avant de venir y effectuer un contrôle médical au risque d'être moqué par des Algériens incrédules face à une telle contradiction", écrit Libération. Selon Le Figaro, cette nouvelle hospitalisation serait la troisième depuis l'intervention chirurgicale de l'hiver dernier. Ces "fréquentes visites accréditent la thèse d'une maladie beaucoup plus grave qu'un simple ulcère, un cancer de l'estomac", estime Le Parisien.

Réélu en 2004 pour un second mandat de cinq ans, Bouteflika est considéré par de nombreux Algériens comme celui qui a ramené la paix après plusieurs années de violences islamistes. Lors de son retour à Alger, le 31 décembre, il avait été accueilli par des milliers de ses compatriotes, massés le long des grandes avenues de la ville. "Il y a un sentiment national très puissant en Algérie", confirme Benjamin Stora, historien spécialiste de l'Algérie, interrogé sur les propos anti-français de Bouteflika. "En même temps, la société algérienne considère que ses discours historiques sont surtout des discours à des fins politiques. Beaucoup d'Algériens ne sont pas dupes", a-t-il déclaré vendredi sur RFI.

Il y a à ses yeux plusieurs explications à cette nouvelle attaque du président algérien. Alger considère notamment que Paris est "trop engagé aux côtés du Maroc" dans le dossier du Sahara occidental et a le sentiment que ses ressortissants ne sont pas traités sur un pied d'égalité avec les Marocains et les Tunisiens en matière de visas. "C'est un contentieux qui dure depuis plusieurs années et, dans ce contexte, Alger s'est rapproché de Washington et même de Moscou" à l'heure où l'Algérie, grand producteur de pétrole et de gaz, occupe "une position très forte sur la scène internationale" en raison des tensions sur les marchés énergétiques.

http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=3465

21 avril 2006

Interrogations sur la nouvelle hospitalisation de Bouteflika

La version officielle de l'hospitalisation à Paris d'Abdelaziz Bouteflika - un suivi médical de routine - suscite vendredi de nombreuses interrogations dans les journaux français et la sphère politique

http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=18751&1305

Le président algérien, qui est âgé de 69 ans, a été admis mercredi soir à l'hôpital militaire du Val de Grâce pour un "bilan de santé", cinq mois après y avoir été opéré d'un ulcère hémorragique à l'estomac.

Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé vendredi que ce suivi médical était lié à l'intervention chirurgicale alors subie par le président algérien.

"Je peux vous confirmer que M. Bouteflika se trouve en France pour une visite de suivi médical qui était prévue de longue date et qui intervient à la suite de l'opération qu'il avait subie au mois de novembre dernier", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattei.

Il a précisé qu'à sa connaissance Abdelaziz Bouteflika se trouvait "toujours en France" vendredi.

"On ne doit pas nous prendre pour des naïfs", s'indigne Bernard Debré, député UMP de Paris et chef du service urologie de l'hôpital Cochin dans les colonnes du Parisien.

"Ce qu'on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd'hui", explique-t-il.

"Quand un ulcère hémorragique a été traité puis guéri, il s'agit d'effectuer un simple contrôle fibroscopique, qui peut être fait dans n'importe quel hôpital algérien. On peut se demander pourquoi Bouteflika vient à Paris pour un contrôle aussi simple".

La rareté des informations sur l'état de santé du président algérien lors de son hospitalisation à Paris fin novembre avait alimenté diverses rumeurs, qu'Abdelaziz Bouteflika s'était efforcé de dissiper en apparaissant à la télévision avant son départ de France.

On l'a vu depuis dans plusieurs grands rendez-vous internationaux et en tournée en Algérie. Lors de l'un de ces déplacements, dimanche, il s'en est de nouveau pris à la France, qu'il a accusée de "génocide de l'identité algérienne" pendant les 132 années de colonisation.

TROISIEME VISITE EN CINQ MOIS?

Pour les journaux français, cette "sortie" virulente prouve que l'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika n'était pas prévue de longue date mais qu'elle est due à une brusque aggravation de son état de santé.

"On le voit mal en effet s'en prendre aussi violemment à la France cinq jours avant de venir y effectuer un contrôle médical au risque d'être moqué par des Algériens incrédules face à une telle contradiction", écrit Libération.

Selon Le Figaro, cette nouvelle hospitalisation serait la troisième depuis l'intervention chirurgicale de l'an dernier.

Ces "fréquentes visites accréditent la thèse d'une maladie beaucoup plus grave qu'un simple ulcère, un cancer de l'estomac", estime Le Parisien.

Le député UMP Jérôme Rivière a annoncé son intention de saisir le ministre des Affaires étrangères "pour connaître les raisons pour lesquelles la France accepte de recevoir et soigner un chef d'Etat qui, jour après jour, insulte notre pays, son histoire et ses concitoyens".

Réélu en 2004 pour un second mandat de cinq ans, Bouteflika est considéré par de nombreux Algériens comme celui qui a ramené la paix après plusieurs années de violences islamistes.

"Il y a un sentiment national très puissant en Algérie", confirme Benjamin Stora, historien spécialiste de l'Algérie, interrogé sur les propos antifrançais de Bouteflika.

Il y a à ses yeux plusieurs explications à cette nouvelle attaque du président algérien.

Alger considère notamment que Paris est "trop engagé aux côtés du Maroc" dans le dossier du Sahara occidental et a le sentiment que ses ressortissants ne sont pas traités sur un pied d'égalité avec les Marocains et les Tunisiens en matière de visas.

"C'est un contentieux qui dure depuis plusieurs années et dans ce contexte Alger s'est rapproché de Washington et même de Moscou" à l'heure où l'Algérie, grand producteur de pétrole et de gaz, occupe "une position très forte sur la scène internationale" en raison des tensions sur les marchés énergétiques.

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21 avril 2006

Dubai Holding et Emaar à la conquête du Maghreb !

La scène     économique et financière tunisienne n’est vraisemblablement pas au bout de     ses (bonnes) surprises. Ainsi et après les trois milliards de dinars pour l’achat des 35% de Tunisie Télécom, voilà     que la société Emaar annonce un investissement de plus de 2,5 milliards de     dinars pour le développement de la station touristique de Hergla. Un projet     grandiose qui n’est pas sans nous rappeler les mégas projets annoncés par     cette société immobilière dans son émirat de Dubaï et dont le dernier en     date est cette incroyable station de ski érigée en plein désert.
   
    Si, a priori, les deux investissements sont indépendants, force est de     constater cette coïncidence avec l’annonce, durant cette même période et par     ces deux mêmes sociétés, d’un investissement encore plus important au Maroc.     Les deux entreprises ont signé en effet huit conventions avec l’Etat     marocain portant sur un investissement de 17,2 milliards de dollars. Aussi bien     au Maroc qu’en Tunisie, on n’en revient pas encore de ces montants dont on     n’est pas vraiment habitués au Maghreb.

    Pour les 35% de Tunisie Télécom, nous avons largement couvert l’événement et     présenté Dubaï Holding.
   
    Pour ce qui est du projet de Hergla, on rappelle que le Président Zine El     Abidine Ben Ali a pris connaissance, en recevant, vendredi 14 avril, M.     Mohamed Ben Ali Al-Abbar, président du Conseil d'administration de la     Société immobilière ''Emaar'', des maquettes des différentes composantes de     cette station touristique dont le Chef de l'Etat avait ordonné la     réalisation.
   
    Ces composantes consistent en un port de plaisance, un terrain de golf, des     espaces de loisirs, des unités hôtelières et résidentielles ainsi que des     espaces verts, le tout sur un espace de 1200 hectares dont 800 hectares     d’espaces verts.
   
    Le Président de la République a porté son intérêt à la sauvegarde de la     dimension écologique du projet et à la protection de l'environnement,     notamment la mise en valeur du patrimoine forestier de la zone. Le président     du groupe ''Emaar'' a exprimé, dans une déclaration, ses remerciements au     Président de la République, faisant état de son admiration pour les succès     réalisés par la Tunisie dans tous les domaines.
   
    Comme pour le cas de Hergla, on promet au Maroc une Côte d’Azur à Rabat.     Ainsi, on apprend que le Roi du Maroc a signé pas moins de huit conventions     d'investissement avec Dubai Holding et Emaar, portant sur la réalisation de     projets d'aménagement et de valorisation touristique et résidentielle, pour     un montant global de près de neuf milliards de dollars US. Ces huit accords     prévoient ces investissements sur dix ans, dans quatre des principaux pôles     de développement économique du Maroc, à savoir Rabat (5,1 milliards de     dollars US), Marrakech (2,4 milliards de dollars US), Casablanca (1 milliard     de dollars US) et Tanger (0,65 milliard de dollars (US).
   
    Pour le cas de Rabat, la convention porte sur un projet d'aménagement de la     corniche de Rabat sur une superficie de 330 hectares. D’un investissement de     3,1 milliards de dollars, cette corniche sera une véritable Côte d’Azur     maghrébine, promet-on. Commentant ces investissements, un directeur à Dubaï     Holding a déclaré que son entreprise est attachée à l’application de normes     internationales de haut niveau dans tous ses projets régionaux et mondiaux     et qu’elle apporte ses compétences et capacités à développées à travers la     réalisation de grands projets immobiliers au Moyens-Orient et dans certains     marchés sélectionnés, et ce dans le cadre d’une stratégie visant     l’exploitation des perspectives de développement offertes au niveau régional     et mondial.

http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=3666

21 avril 2006

Mais Dubaï c'est où ?

Depuis     que je me suis mélangé les pinceaux en matière de géographie, les lecteurs     de WMC ne m’ont pas ménagés, et n’y sont pas allés de main morte, évidemment     que je sais qu'El Jazeera est à Qatar, j’y suis même allée... et     évidemment que les émirats c’est autre chose. Par contre, une principauté     c’est quand même un pays sinon Albert de Monaco se serait fâché, lui qui     règne sur un tout petit rocher ... mais qui vaut son pesant d’or.

D’ailleurs, la méconnaissance en matière de géographie est une seconde     nature chez l’homme. Demandez à quelqu'un où se trouve l’Indonésie ou     Sumatra, et quelle différence il y a entre Madagascar et la Réunion, et vous     serez surpris.
   
    Que de fois, quand je me présente en qualité de Tunisienne, certains me     répondent Indonésienne, welcome, ...  et à Tokyo on a regardé ma peau pour vérifier que je     n’étais pas velue … Donc si on s'amusait à faire une enquête pour savoir     combien de personnes savaient où se trouvent Qatar ou Dubaï, on serait     surpris.
   
    Revenons au Qatar et à Dubaï et tous ces micros Etats du Golfe qui ont     chacun leur histoire et leur spécificité -même si la perfide Albion a     encouragé leur césure-, ... on n’en entendrait jamais parler de ces petits     bouts de pays si El Jazeera n’avait pas modifié le paysage télévisuel parfois en     dépassant les CNN et autres LCI par une information qui avait l’avantage     d’être moins subjective –car, de toutes les manières, l’objectivité en     matière d’information est un mythe– et l’information c’est comme la musique,     chacun a son oreille et 2 musiciens ne jouent pas de la même manière...
   
    Je pourrais vous raconter des tas d’histoires sur la géographie ... et par     exemple ce petit Américain qui dégustait les déglets Ennour de chez nous en     demandant à son père : ‘’ça vient d’où ce délice’’ ?
   
    Maintenant, revenons au vif du sujet, pourquoi donc j’ai mélangé Dubaï et El     Jazeera ? C’est clair, à l’échelle macroéconomique, ces microcosmes     moyen-orientaux sont en train, par leur qualité de service, de donner une     autre image de notre monde arabo-musulman : El Jazeera est respectée ; et     maintenant Dubaï, après ses 2 opérations en Tunisie et aux USA, l’est aussi     ; ils ont montré qu’ils savent ce qu’ils font et savent le faire savoir et     valoir.
   
    Donc, mes chers lecteurs, quand je vous fais un bel article bien ficelé,     personne ne réagit, et dès que je sors des clous, je provoque des     crissements de freins et des grincements de dents ! Que voulez-vous, c’est     une musique que j’adore …

merci quand même pour l’intérêt que vous portez à webmanagercenter.

http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=3170

21 avril 2006

Marrakech, ville impériale

Ce qui est chouette avec le     Maroc, c'est que dès que vous prenez l'avion, vous y êtes déjà. En plus, la     RAM est une compagnie souriante, chaleureuse et accueillante ; et quand vous     arrivez à Casa, le policier souhaite à la TUNISIE tout le succès qu’elle     mérite à la Coupe du monde.

    Ensuite, si tout le monde ou presque connaît     Casa, la ville de Marrakech offre de plus un attrait touristique indéniable     ; et les villas, de couleur ocre comme le désert, poussent comme des     champignons. On y assiste à un autre type de tourisme : le tourisme     sédentaire

    L'Européen vient, s’achète une maison et s’y installe de longs     mois comme s’il venait hiberner durant l’hiver rigoureux européen. Il y a un     tel engouement pour ce site que les autorités ne savent plus où donner de la     tête : tous les programmes d'infrastructure sont avancés de quelques     décennies, les prix des terrains flambent, entraînant évidement des effets     centripètes, et les populations résidentes vont s’installer dans les centres     urbains autour.

 

       

    L'histoire dira si cette évolution exponentielle et rapide     va continuer et quel est son impact sur l'avenir.

    J’ai même appris qu’un puissant groupe émirati allait injecter 3 milliards     de dollars dans un site touristique situé à proximité de Marrakech : une     magnifique station de ski située dans l'atlas et aux portes du désert. Ce     qui est et restera génial au Maroc -indépendamment des problèmes de fond qui     s’y posent- c’est cette amabilité de toutes les couches de la population et     les ‘’sidi’’ à chaque tournant de rue.
   
    Ce que j’ai pu constater, c’est que la vie devient de plus en plus chère et     que le pays est hanté par le coût de l’énergie qu’il importe totalement :     tous les choix de projets se dirigent vers des solutions peu consommatrices     d’énergie parfois au détriment de l’espace et de l’environnement.
       

    
Et dans ce pays chargé d’histoire, qui a ignoré ou presque son monde rural     durant quelques décennies, il y a actuellement d’importants projets qui se     mettent en place pour assurer le développement du monde rural et réduire     l’exode rurale dans un pays où le taux d’accroissement naturel est 3 fois     supérieur à celui de la Tunisie ... moi je vous le dis, ce pays est bien     parti.

   

 

   

        NDLR     : Suite aux réactions négatives –parfois violentes- qu’elle subie depuis le début du mois d'avril, à la suite de sa chronique ‘’C’est où Dubaï ?’’, la Direction de webmanagercenter a décidé, non seulement de la maintenir à son poste de "Chroniqueuse" (sous certaines conditions) mais, également, de lui offrir un voyage à Marrakech, histoire de lui permettre de dé-stresser… de changer d’atmosphère et d’idées !

http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=3702


       

   


20 avril 2006

L'ensemble académique Alexandrov en tournée au Maroc

titreLe prestigieux " Ensemble académique des Choeurs de l'Armée Rouge d'Alexandrov" a offert, mercredi soir, au public Rbati un spectacle prodigieux.

La qualité vocale exceptionnelle de cet ensemble de choristes, musiciens et danseurs, associée à une magnifique chorégraphie ont fait de cette représentation magistrale un événement artistique d'exception.

La troupe d'Alexandrov, du nom de son fondateur, a donné ce concert au théâtre national Mohammed V dans le cadre d'une tournée qui la mènera à Casablanca (20 avril), à Marrakech (21 avril) et à Essaouira (22 avril).

Selon les organisateurs, la troupe a tenu à faire sa première sortie au grand complet au Maroc, témoignage de " l'excellence des relations d'amitié entre les deux peuples authentiques".

Fondés en 1928 par Alexandre Alexandrov dans le but de soutenir le moral des combattants d'Extrême-orient, les choeurs de l'armée rouge avaient pour rôle essentiel d'exalter l'idéal révolutionnaire, l'esprit d'Octobre. Au tout début, la troupe comptait 12 personnes pour atteindre aujourd'hui plus de 300 artistes.

Une fresque haute en couleurs

Puisant dans les répertoires folkloriques de toute la Russie, la troupe qui se produit souvent à guichets fermés, a su s'adapter à toutes les péripéties de l'histoire du 20-ème siècle. Cependant, c'est lors de la 2-ème guerre mondiale que le rôle des choeurs fut le plus déterminant : Il fallait une arme plus forte que les obus et les mitraillettes, celle de la musique, des chants et des danses qui atteint les coeurs et renforce l'esprit des vaillants soldats et fait oublier le bruit des bottes.

Les choeurs de l'armée rouge étaient là. En les écoutant, les soldats reprenaient confiance et courage pour combattre l'ennemi.

Ce bataillon d'élite formé au conservatoire de Moscou, l'un des plus prestigieux dans le monde, ont interprété, mercredi soir sous la direction de l'Artiste du Peuple de Russie Viatcheslav Korobko, leurs grands succès notamment " l'armée légendaire ", "sur la clairière ensoleillée ", " Kalinka ", " Katioucha ", "Danse de Cosaque " et des extraits de l'Opéra " Carmen ".

Dans une fresque haute en couleurs, musiciens, choristes et danseurs en uniforme ont fait découvrir au public des instruments tout aussi originaux que la Balalaïka, la Dombra, le Bayan, le Basson et le cor russes, sans oublier les miniatures chorégraphiques.

Et pour clore en apothéose ce spectacle grandiose, la troupe a entonné en arabe sous une salve d'applaudissements l'hymne national du Royaume

Adil Zaâri Jabiri (MAP)

19 avril 2006

Tanger réhabilite le moussem du Saint Bouaarakia

La ville de Tanger vient de réhabiliter la célébration du moussem du saint Bouaarakia, une tradition ancestrale pour rendre hommage à la mémoire de ce grand érudit et vaillant moujahid qui avait marqué l'histoire de la région Nord au 11-eme siècle de l'hégire. Cette célébration, qui coïncide avec le septième jour de l'Aid Al-Mawlid, a repris de plus belle, mardi soir à Tanger, avec une grande procession d'offrandes qui a traversé les principales artères de la ville.

Un cortège aux couleurs de la riche palette du folklore locale qui a réuni des milliers de Tangérois ravis de retrouver cette grande ambiance festive et spirituelle dont parlaient les anciens.

Le moussem du saint Bouaarakia qui était célébré jusqu'au années 40 avait une réputation au-delà des tribus de la région Nord, puisqu'il drainait une grande affluence des différentes régions du Maroc. Cette rencontre annuelle ne manquerait pas d'irriter l'administration coloniale dans les années 40, lorsque la célébration du moussem commença à revêtir un caractère revendicatif contre le protectorat.

Après avoir constaté que les militants du mouvement national s'activaient dans la foule du moussem et que ses processions étaient devenus l'occasion d'entonner des slogans contre le protectorat, les forces coloniales se sont empressées d'interdire cette manifestation.

Compte tenu de la mémoire du Saint homme qui avait livré de longues batailles contre les envahisseurs, le moussem était une occasion propice pour galvaniser les foules et revigorer le sentiment patriotique et nationaliste. De son vrai nom Sidi Mohamed El-Haj El-Bekkali mais baptisé Abi-Al-Irakia Al-Khadra par ses contemporains, le saint homme est issu d'une grande famille de la tribu Beni Hassan dans la région de Tétouan.

Il acquiert une grande notoriété grâce à son vaste savoir dans le fiqh, sa grande piété et sa tendance à mener une humble vie malgré la richesse de sa famille. Quant le Sultan Moulay Ismaïl confia au moujahid Ali Rifi la mission de mener le siège de Tanger pour en déloger les anglais, Abi Al-Irakia rallia les troupes des moujahidines. Il était le guide spirituel qui mobilisait les troupes et prenait même part aux nombreuses batailles qui menèrent à une éclatante victoire sur les occupants.

Le saint Bouaarakia voua ensuite sa vie à prêcher la bonne parole et éclairer sur les préceptes authentiques de l'Islam. Après avoir fait don de tous ses biens pour les oeuvres de charité et l'entretien des lieux de culte, le Saint homme vit ses derniers jours dans la piété des soufis dans un endroit isolé en dehors des murailles de la ville. Lieu qui abrite actuellement son mausolée et où convergeaient chaque année la grande procession des offrandes.
Le moussem du Saint Bouaarakia est célébré cette année durant trois jours avec les cercles du madih et des cérémonies religieuses.

En commémoration de la légendaire générosité du Saint, le dernier jour du moussem sera marqué par une opération de circoncision au profit des enfants de familles nécessiteuses et la distribution de présents et vêtements aux plus démunis.

http://www.lematin.ma/Journal/article.asp?id=regio&ida=59960

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