La campagne arabe d'Amir Peretz
Dans le parti travailliste, on fonde quelques espoirs d'amélioration du score du parti dans les sondages électoraux sur la «campagne arabe» de son nouveau leader.
L'arrivée au Maroc, d'Amir Peretz, devenu président du parti
Avoda (Travailliste) après avoir battu Shimon Pérès, a beaucoup étonné.
Dès son élection, des «Ashkénazes» travaillistes de génération en
génération se sont élevés contre la prise du pouvoir de leur parti, par
un «Marocain». Beaucoup ont, donc, profité de la création par Ariel
Sharon, du parti Kadima (En Avant) pour le rejoindre et s'y réfugier.
Amir
Peretz a trouvé au Maroc des soutiens qui se sont contentés de parler
d'un Israélien «né au Maroc» «à Boujad !» devenu président d’un grand
parti à la veille des élections législatives. Il s'agit, d'un homme de
gauche, d'un homme du mouvement «La paix maintenant», d'un syndicaliste
pro-arabe. Pour Amir Peretz, il semble que sa venue au Maroc, afin de
bénéficier d'une audience du Roi Mohammed VI, voulait montrer, aux
«Ashkénazes» qu'il était reçu, en qualité d'homme politique israélien
et non de simple «originaire» du Maroc et encore moins, d'un «sujet»
marocain.
Pour démontrer ce qu'il a appelé sa «liberté» par rapport
à son origine marocaine, il n'a parlé que du Hamas, en demandant au Roi
Mohammed VI «de reprendre son rôle dominant dans la médiation avec les
Palestiniens». Étant dans toute sa carrière un syndicaliste, puis le
Secrétaire général de la Histadrout, le grand syndicat comprenant plus
de 300 000 membres arabes israéliens, grâce à laquelle il veut,
absolument, préserver le vote des Arabes israéliens en faveur du parti
Avoda (Travailliste) qu'ils ont boycotté, sous Shimon Pérès.
En
réalité, le président du parti travailliste pris par la campagne
électorale en cours, en Israël, est venu bénéficier de sa qualité
naturelle d'Israélien né au Maroc. Car après son passage dans son pays
de naissance, après la faveur que lui a faite le Roi du Maroc de le
recevoir, Amir Peretz s'est précipité chez le président Hosni Moubarak.
Il est allé au Caire pour montrer que son déplacement à Fès, était une
première étape, avant de rencontrer le président égyptien, puis le
Président de l'Autorité palestinienne, le Roi Abdallah de Jordanie
n'ayant pas encore répondu à sa demande d'une audience à Amman.
En
fait, Amir Peretz est allé voir le président Hosni Moubarak pour lui
répéter les mêmes phrases qu'il avait dites au Roi du Maroc, les
«Accords d'Oslo sont toujours présents et on doit les respecter», de
plus, «le fait que le Hamas ait remporté les élections ne signifie pas
que nous devons boycotter le peuple palestinien». Il appartenait,
dit-il par ailleurs, au président Mahmoud Abbas de prendre ses
responsabilités «face au Hamas».
Au président palestinien, fort de
ses conversations avec le Roi du Maroc et le président de l'Egypte,
lors de sa rencontre sur le pont Allenby, à la frontière jordanienne,
Amir Peretz a demandé son accord sur la nécessité de continuer la
négociation avec le Hamas. «Il faut séparer la lutte contre le
terrorisme, de l'espoir d'arriver à un accord de paix, avec des
éléments palestiniens responsables», a dit Amir Peretz.
De son
côté, Mahmoud Abbas a promis : «un tel accord sera soumis à un
référendum populaire palestinien pour contourner, ainsi, l'opposition
du gouvernement du Hamas».
Dans le parti travailliste, on fonde
quelques espoirs d'amélioration de son score dans les sondages
électoraux, grâce à sa «campagne arabe», comme l'avait calculé le chef
du parti en rendant visite à des dirigeants arabes modérés : tout
d'abord le Roi du Maroc, ensuite le président Hosni Moubarak et enfin,
jeudi dernier, le président Mahmoud Abbas (Abou Mazen).
Amir Peretz
est porté par son domaine électoral, vers les relations extérieures, au
lieu de rester attaché aux problèmes sociaux. Pour Amir Peretz et son
conseiller américain, l'audience qu'il aura obtenue au Maroc représente
la première étape la plus facile, compte tenu de sa qualité de
«Marocain» utilisée par ses présentateurs.
Le score du parti
travailliste étant bloqué à 19 sièges aux prochaines élections, il est
probable qu'Amir Peretz oublie son incursion dans les problèmes
extérieurs, pour revenir à sa spécialité, les affaires sociales, que
ses électeurs attendent du parti travailliste.
Par : Robert ASSARAF