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6 mars 2006

Sahara : autonomie et souveraineté nationale

                                                                                                                                                                                                                                                                                                     
«L'Algérie soutiendra le Sahara occidental» ! La phrase est lapidaire, elle semble donner le ton, bien entendu. D'une aveugle cécité, préjugeant aussi d'une ligne de conduite qui n'étonne que les néophytes et que la presse algérienne relaie aussi aveuglement. Comme si la principale phrase, retenue dans la lettre adressée par le Président Abdelaziz Bouteflika à son protégé qui porte le même prénom, affublé de titre de «président de la rasd», constituait une nouveauté !
   

Comme si, également, les démonstrations organisées par les autorités algériennes à Tifariti -trois ministres présents, une «impressionnante» logistique, une armada d'invités étrangers ciblés, du marketing politique- étaient nouvelles ou allaient changer quoi que ce soit de la réalité intangible : à savoir le soutien officiel algérien aux mercenaires proclamé depuis trente ans, la mystification du conflit maroco-algérien …

Que le gouvernement d'Alger mette en musique une démonstration aussi tapageuse à Tifariti, accompagnée des logomachies habituelles sur « l'autodétermination du peuple sahraoui », « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes», n'est pas simplement révélateur de l'obsession antimarocaine.

Elle intervient, en effet, à quelques semaines des débats des Nations unies sur le dossier, alors que le Royaume du Maroc s'apprête à rendre public son plan de «large autonomie» au Sahara qui est au conflit d'aujourd'hui ce que l'issue est au tunnel. Une voie d'accès honorable, royale même vers la paix. Bien sûr, ce serait se méprendre gravement sur l'irrédentisme algérien, connu depuis belle lurette et lorgnant constamment sur les territoires marocains.

Le concept d'autonomie qui revient dans la bouche de plusieurs responsables n'est pas un concept fétiche, il dit bien ce qu'il dit, c'est-à-dire une large liberté de manœuvre, la traduction d'un statut respecté et reconnu comme dans les familles, des perspectives de développement intégré, la dignité préservée.

S'agissant du Sahara, le concept fonctionne d'une part en s'inspirant des modèles existant, aussi bien en Espagne avec les « regiones autonomas» (régions autonomes), qu'en Allemagne avec les Lander ou en Suisse avec son système confédéral, d'autre part en réalisant leur synthèse pour l'adapter au système démocratique du Maroc.

Manifestement, il n'est pas de système politique plus avancé dans la vision moderne que le fédéralisme, et la tendance internationale, qu'il s'agisse de l'Union européenne, des Etats-Unis, des pays de l'Europe Centrale voire de la Russie, est ni plus ni moins que la constitution, la mondialisation aidant, de grands ensembles géoéconomiques viables.

Puisqu'une telle vision fonctionne un peu partout, puisque l'objectif proclamé est l'unité et la prospérité des peuples, enfin au regard de la propension fédérative des ces derniers -la culture musicale et le coca-cola le font déjà-, pourquoi le Maghreb serait-il différent ou s'écarterait-il d'une logique unitariste ? Tout simplement parce que la volonté affichée des dirigeants algériens consiste à combattre une telle initiative et à faire avorter tout projet de solution politique au Sahara.

Ce n'est pas nouveau, non plus l'ambivalence cultivée et entretenue dans ce dossier par l'Algérie. Entre 1974 et 1981, Alger s'était fait le champion, le héraut de l'autodétermination du « peuple sahraoui », réclamait à cor et à cri un « référendum d'autodéterrmination » au Sahara. Au sommet de l'OUA de Nairobi, organisé en 1981, feu S.M. Hassan II, amicalement saisi par des pays frères et amis, accéda à cette revendication alors que rien ne l'y poussait, et proclama devant les chefs d'Etat africains son accord au principe de référendum sous l'égide des Nations unies.

On pensait qu'Alger allait non pas applaudir- nous n'en demandions pas tant ! - mais accepter l'initiative Royale et s'inscrire dans la nouvelle dynamique que l'Onu reprenait à son compte avec soulagement et bonheur. Las ! L'Algérie changea le fusil d'épaule, combattit avec violence le référendum avec la sinistre complicité d'un Edem Kodjo, ci-devant secrétaire général de l'OUA, en bloquant tout simplement les initiatives de recensement prévues pour la mise en œuvre du référendum par les Nations unies…

Pas de solution militaire à l'avantage des stipendiés du polisario, paravent masqué de l'Algérie, pas de référendum ! Pas de plan de Perez de Cuellar, de James Baker non plus ! Que restait-il alors ? Le plan de partage du Sahara concocté et lâché en désespoir de cause par le Président Bouteflika… On a frôlé avec cette mascarade les abysses du cynisme. « Un tiens bon vaut mieux que deux tu l'auras ! », dit le proverbe.

Cependant, le Maroc, faisant de mauvaise fortune bon cœur, n'entend pas en rester à cet immobilisme et à l'entrave continuelle des initiatives diplomatiques. Son dynamisme démocratique, sa cohésion nationale, institutionnelle et populaire, le renforcement de son front intérieur par la consolidation avérée et reconnue de l'Etat de droit, contrairement à ce que prétendent quelques petits apprentis sorciers, lui donnent les coudées franches pour aller de l'avant et prendre aussi les devants. Le principe d'autonomie au Sahara dans le cadre de la souveraineté nationale constituerait, à coup sûr, l'initiative la plus audacieuse, mais il redonnerait également au concept de régionalisation sa vraie force, un contenu moderne au pluralisme, un inestimable horizon à l'intégration des économies, des peuples et des destins de la région.

L'Algérie voudrait-elle s'y opposer qu'elle ne le pourrait. Car la fatalité géographique, économique, culturelle, anthropologique aussi nous l'imposera tôt ou tard.

Hassan Alaoui | LE MATIN
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