La vérité : 17,2 milliards de dollars et non 9
Mar Bassine Ndiaye http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?id_artl=9587&r=2&sr=852 |
Investissements Émiratis
La vérité est que huit conventions ont été signées en présence de SM le
Roi et seuls sept projets sont identifiés, dont deux à Casablanca, deux
à Rabat, deux à Marrakech et un à Tanger. La huitième convention est
donc la clé du mystère, puisqu’elle porte sur un investissement de 12
milliards de dollars sur 5 ans de Dubaï Holding, dont 3 milliards de
dollars dans quatre des projets en question et 9 milliards de dollars
dans d’autres qui sont en cours de repérage. Alors que Emaar, qui n’a
rien à voir avec Dubaï Holding, projette d’injecter 5,2 milliards de
dollars dans les trois projets restants. Eclairage.
Abreuvé de chiffres, le lectorat l’a été au point d’avoir une migraine. Pourtant, il n’est pas encore sorti de
l’auberge, puisque jusqu’ici l’information sur les énormes
investissements émiratis au Maroc a été traitée avec une certaine
légèreté. Tantôt les gros titres parlent de 9 milliards de dollars,
tantôt ils changent pour devenir 12 milliards. Aucune de ces deux
informations n’est fausse, mais elles péchent par imprécision. Car en
réalité il s’agit d’un investissement cumulé de 17,2 milliards de
dollars, dont 12 pour Dubaï Holding et 5,2 pour Emaar. Et ce n’est pas
la seule confusion. Un quotidien de la place a même affirmé que Emaar
était "le bras des investissements immobiliers internationaux du
mastodonte Dubaï Holding", ce qui est bien entendu faux. Les deux
groupes se livrent en réalité une concurrence farouche dans leur pays
d’origine. L’un, Emaar, est coté à la bourse de Dubaï et fait partie
des 50 plus grosses capitalisations de la sous-région devant de
nombreuses compagnies pétrolières, les plus grandes du monde. Alors que
l’autre, Dubaï Holding, reste d’une discrétion déconcertante, sauf pour
annoncer des gros chiffres comme c’est le cas actuellement. D’ailleurs,
c’est la forte concurrence que se livrent les deux groupes qui justifie
qu’ils ne soient associés dans aucun des projets signés avec l’Etat
marocain. Ainsi, Dubaï Holding a choisi de s’allier avec la CDG, alors
que Emaar a décidé de faire cavalier seul.
Pour revenir aux chiffres, joints par La Gazette du Maroc, les
responsables de Dubaï Holding maintiennent l’information selon laquelle
ils ont effectivement signé un protocole d’accord avec l’Etat marocain.
Ledit protocole porte effectivement sur 12 milliards de dirhams. En
effet, mercredi au palais royal de Casablanca, SM le Roi a
effectivement présidé la cérémonie de signature portant sur 8
conventions d’investissements. Les sept sont clairement identifiées. A
Marrakech, il y a les deux projets de l’aménagement-développement de
l’Oukaïmeden et de Chrifia. A Rabat, en plus de l’aménagement de la
vallée du Bouregreg, la corniche longue de 13 kilomètres sera
transformée en pratiquement une toute nouvelle ville. A Casablanca, on
compte la fameuse Marina qui sera prise en tenaille entre la mosquée et
le port et l’aménagement d’El Hank. La convention concernant Tanger
porte sur le projet Tinja. Mais jusqu’ici cela n’en fait que sept. Où
est donc passée la huitième convention présidée par SM le Roi en
présence, pratiquement, de tout le gouvernement et de la presse
nationale. La huitième convention en réalité ne porte pour l’heure sur
aucun projet précis et c’est là la clé du mystère. Puisqu’il s’agit
d’un engagement pris par Dubaï Holding à investir la rondelette somme
de 12 milliards de dollars. Dubaï Holding, actuellement associé à la
CDG, s’est engagé à miser 3 milliards de dollars, dans les deux projets
de Casablanca, celui de la Vallée du Bouregreg à Rabat et de Chrifia à
Marrakech. Donc il lui reste d’importants projets à identifier d’abord
et dans lesquels il devra injecter 9 autres milliards de dollars. C’est
dire que la machine vient à peine d’être enclenchée, mais selon toute
vraisemblance, tout est allé très vite. En effet, selon une source
proche de son partenaire la CDG, des visites ont eu lieu sur des sites,
histoire de prendre la température. Avant la signature solennelle des
conventions, les dirigeants de Dubaï Holding ont en effet fait un tour
sur tout le Nord, dans la côte méditerranéenne. La visite n’a laissé
aucun endroit au hasard puisqu’elle est allée de la ville de Tanger au
site du plan Azur de Saïdia en passant naturellement par Fès, Ifrane.
Ils ont d’ores et déjà divisé le Maroc en quatre zones : le
Nord-Méditerranée, l’Atlantique, le Centre et le Sud-Oriental. Une
seconde visite sera programmée dans moins d’un mois pour s’attaquer à
la découverte des potentiels de l’Atlantique. C’est dire donc que les
stations Azur auront beaucoup à faire avec les nouveaux concurrents qui
se profilent à l’horizon. Ces derniers ont décidé en tout état de cause
de mettre la barre assez haut puisque de telles sommes d’argent ne
peuvent aboutir qu’à un luxe insolent devant lequel devrait se plier
n’importe quel site du plan Azur. A titre d’exemple, les tours jumelles
appelées Dubaï Towers Casablanca nécessiteront 600 millions de dollars
d’investissement alors que la tour de l’Emirat du Qatar n’en a
nécessité que 350 millions et celle d’Istanbul 500 millions. Toutes
deux sont érigées par le même Dubaï Holding.
Pour sa part, Emaar est la première capitalisation boursière au monde
dans le secteur de la promotion immobilière. Il a annoncé en 2005 un
résultat net de 1,288 milliard de dollars, soit 11,6 milliards de
dirhams, alors qu’il a moins de 10 ans d’existence.
Le coup de maître du Roi
Le Souverain a naturellement pesé de tout son poids pour la venue de ces deux mastodontes de la promotion immobilière.
En effet, c’est grâce aux
relations privilégiées SM entre le Roi Mohammed VI et son Altesse
Cheikh Mohamed bin Rachid Al Maktoum, vice-président et Premier
ministre des Emirats Arabes Unis que ces conventions ont pu être
signées. Les responsables du gouvernement censés concrétiser le plan
Azur visant à drainer 10 millions de touristes ignoraient jusqu’aux
tractations qui étaient menées. En effet, selon Mohamed Abdallah
Guragoui, "ces investissements sont menés suite aux consignes du
Premier ministre des Emirats Arabes Unis visant à renforcer la
coopération arabe, moteur essentiel du développement et de la réussite
de toute la région".
Il semble que Abdelaziz Meziane Belfiqih, désormais spécialiste de
l’attraction des investisseurs arabes, ait été le bras de l’action
royale dans ce sens. En tout cas, avec de tels investissements, c’est
toute la vision 2010 qui se trouve dopée, au grand dam de ceux qui se
cachent derrière moult explications.
La source de la confusion
En réalité, la presse a fait sa Une sur la base du communiqué diffusé
par le cabinet royal. Dans ce dernier, effectivement, il est fait état
de manière claire de 9 milliards de dollars d’investissements, dont 1,4
pour l’Oukaïmeden (Marrakech), 1 pour Chrifia (Marrakech), 3,1 pour
Saphira (Corniche de Rabat), 2 pour Amwaj (Bouregreg), 1 pour la Marina
de Casa et El Hank, et 0,65 pour Tinja. Cela fait exactement 9,15
milliards de dollars. En réalité, le cabinet royal n’a fait mention que
des projets dont les maquettes sont prêtes et les travaux devraient
être lancés pratiquement au cours du mois d’avril, s’ils ne le sont pas
déjà. Cela évite les déconvenues constatées. Après ces fausses
promesses dans le projet d’aménagement de la baie de Taghazout avec le
groupe saoudien Dallah El Baraka, point de risque permis.
Cependant, les 12 milliards mentionnés par une partie de la presse ne
concernent que les investissements que Dubaï Holding projette de
réaliser. Le groupe a ainsi diffusé un communiqué de presse le
mentionnant clairement. Emaar, son concurrent, en a également fait de
même, annonçant ses 5,2 milliards. La question se pose donc de savoir
comment personne n’a fait le cumul. Sans doute habitués à des montants
annuels dépassant rarement 35 milliards de dirhams par an, soit moins
de 4 milliards de dollars, les observateurs ont préféré ne pas en
croire leurs oreilles.
Le Maroc doit se préparer
Maintenant que le vin est tiré, il reste à le boire. Mais il faut savoir
s’y prendre aussi bien au niveau macro-économique que du côté des
entreprises. En effet, le Maroc qui reçoit dans ses meilleures années
des investissements directs étrangers de l’ordre de 4 milliards de
dollars est sur le point d’accueillir en l’espace de 5 ans une manne de
plus de 17 milliards de dollars venant de deux investisseurs seulement,
soit près de 3 milliards de dollars par an. Si l’on y ajoute la moyenne
incompressible de 3 milliards de dollars de la part des investissements
divers, cela représente quelque 6 milliards de dollars par an. C’est
dire que l’on risque de faire face à une inflation, d’autant qu’il
s’agit d’une somme d’argent qui ne correspond guère à une sortie, il
sera intégré dans le circuit économique. La majeure partie des
fournitures immobilières est disponible localement allant du ciment à
l’acier en passant par le second œuvre que sont l’aluminium, les
sanitaires, la peinture, l’électricité, etc. Fathallah Oualalou et
Abdelatif Jouahiri auront fort à faire pour contenir la sur-liquidité
qui risque d’en découler, s’ajoutant à celle existante.
Au niveau micro économique, les entreprises doivent faire preuve
d’esprit d’anticipation. Ainsi, les cimentiers risquent d’atteindre le
plein emploi de leur outil de production. La Sonasid également devra
maintenir son plan d’investissement conçu pour anticiper le Mondial
2010 qui a fini par faire faux bond. De même, les entreprises de BTP
devront batailler ferme et accélérer leur mise à niveau pour ne pas
être écartées. Si l’on jette un coup d’œil sur les maquettes, on se
rend vite compte que les projets feront appel à l’artisanat marocain.
C’est dire que les "m’alems" du zellige, de la peinture, de la
décoration devront penser à constituer au plus vite des entreprises
structurées dans les zones de Tanger et Marrakech, c’est en tout cas
l’occasion inespérée d’appliquer de façon pratique l’INDH pour enfin
des clichés.
Les détails des projets CASABLANCA
Des projets ambitieux pour un développement intégré de la métropole
La Région du Grand Casablanca bénéficie d'un vaste programme de
développement concerté, dont l'objectif est d'impulser son économie, de
renforcer sa position de principale métropole du pays, tout en
améliorant l'environnement urbain et le cadre de vie de ses citoyens.
S'inscrivant dans cette vision, CDG Développement et Dubaï
International Properties lancent en partenariat deux projets visant à
réconcilier Casablanca avec sa façade maritime : le projet de la Marina
de Casablanca et le projet Cap El Hank.
Marina : La ville s’ouvre sur l’Océan
Situation géographique : Baie de Casablanca, entre le port et la Mosquée Hassan II
Superficie : 23 hectares
Consistance du projet : Hôtellerie, Palais des congrès, commerces, bureaux, logements, loisirs, port de plaisance.
Durée de réalisation : Aménagement (2006-2007), développement (2007-2012)
Montant de l’investissement : 5 milliards de dirhams
Partenariat : CDG 70% et Dubaï International Properties 30%
Casablanca comme on ne l’a jamais imaginée s’apprête à voir le jour. Il
s’agit d’un vrai projet structurant avec une vocation multiple allant
de l’hôtellerie, aux commerces en passant par les bureaux, les
logements et les loisirs. Il a été segmenté en quatre séquences. La
limite-est de la zone, appelée secteur "Marina", accueillera un port de
plaisance avec ses nombreuses aires de vie. Ce secteur est dédié aux
activités de tourisme, d’animation et de loisir. C’est là où se
trouveront l’hôtel 5 étoiles et le palais des congrès. Ensuite, vient
le secteur "Remblas". Selon les initiateurs du projet, cela permettra
de travailler et de vivre au rythme de l’océan. Il se positionne sur le
créneau affaires, loisirs et commerces. Il comprend deux tours qui
accueilleront un ensemble hôtelier et des bureaux. Un héliport sera
aménagé aux deux derniers niveaux afin de servir l’ensemble du complexe
et le futur palais des congrès. Toujours en allant vers l’ouest, le
secteur "Portes Océanes" aura une vocation touristique et
résidentielle. En dernier lieu, il y a le secteur des jardins de la
mosquée offrant une touche de spiritualité à l’ensemble.
Cap El Hank : Une nouvelle baie pour Casablanca
Situation géographique : Zone entourant le phare d'El Hank
Superficie : 25 ha
Consistance du projet : Hôtellerie, commerces, bureaux, logements, loisirs, restauration et équipements culturels
Durée de réalisation : 5 ans
Montant d'investissement : 2 milliards de dirhams
Partenariat CDG Développement : 30% - DIP : 70%
Le Cap d'El Hank occupe une position stratégique et apparaît comme un
lieu d'exception, offrant une vue splendide sur la mosquée Hassan II et
renfermant naturellement la grande baie comprise entre ces deux
éléments. Le programme projeté, après la libération du terrain,
permettra de développer une zone polyvalente : hôtellerie, activités
tertiaires, commerces, animations et loisirs.
Ce lieu se prête également à la création d'un grand repère urbain
qui viendra renforcer la composition urbaine de la zone s'étendant de
la Mosquée Hassan II à la pointe d'El Hank.
TANGER Les détails des projets
TINJA : La Côte d’Azur de l’Atlantique
Dénomination : Tinja
Situation géographique : Entre Tanger et Assilah, en tenaille entre l’océan et la forêt
Superficie : 100 hectares
Consistance du projet : Résidences touristiques, hôtels, infrastructures de loisirs
Durée de réalisation : 5 ans
Montant de l’investissement : 650 millions de dollars
Promoteur : Emaar
Nichée entre les côtes et la forêt indigène naturelle, Tinja est un
havre de paix et de tranquillité à 20 minutes de Tanger. Ensemble de
zones résidentielles et commerciales haut de gamme installées autour de
la vibrante marina, Tinja est un projet de développement luxueux sur la
côte Atlantique.
Avec plus de 670 résidences et plus de 600 chambres d’hôtel, ainsi
que de nombreuses infrastructures de loisirs, Tinja offre un style de
vie très Côte d’Azur avec de magnifiques vues sur la côte. Desservie
directement par l’autoroute et située à proximité de l’aéroport Ibn
Battouta, Tinja est la porte d’entrée idéale pour découvrir Tanger et
le Maroc en général.