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17 mars 2006

Les «vérités» sur le Maroc du directeur du journal algérien «Achourouk»

                                                                                                                                                                                                                                                                                                     
«Il n'y a pas de presse au Maroc». «Il n'y a pas de liberté d'expression au Maroc». «Le Maroc a peur de l'Algérie». «L'Algérie n'a pas fermé ses frontières avec le Maroc». Voici quatre vérités, véridiquement algériennes, assenées sans retenue par le directeur du journal «Achourouk», dans son édition du dimanche dernier, en guise de réponse télécommandée, à un commentaire de l'agence MAP sur la mascarade de Tifariti, où l'Algérie était l'unique acteur qui a pris soin, bien entendu, de s'entourer de figurants. Plus ils sont nombreux avec chameaux pour le décor, plus cela risque de faire mouche.
   

Dès la première phrase de sa réponse, le directeur d'«Achourouk» a d'emblée donné le ton de sa conception de l'éthique et de l'éducation proprement dite.
«Nous, dans la presse algérienne (lire les journalistes des jounaux)», écrit-il, « nous tenons pour ridicules pour leur manque de professionnalisme, les journalistes de l'agence algérienne de presse “APS”».

C'est votre droit, Monsieur le directeur, de prendre pour ridicule l'Algérie tout entière. Sur ce terrain, nous ne vous suivrons pas. Je ne pense pas qu'il existe au Maroc un seul journaliste qui manque de respect pour ses confrères algériens.
Votre mépris pour vos confrères de l'APS ne nous concerne pas. Il ne peut nous intéresser.

A eux qui savent autant que nous par quel canal votre journal est biberonné, en termes de dinars s'entend, de vous répondre ou de s'abstenir de le faire. Passons à présent sur ce détail qui perfore par sa méchanceté la dignité d'une large catégorie de journalistes algériens, pour parler de « la liberté » d'expression illimitée en Algérie, décrite dans vos sous-entendus, et de l'inexistence de cette liberté au Maroc sur laquelle vous êtes catégorique.

Je ne m'étalerais pas non plus sur ce point. Je me contente tout simplement de dire que je préfère mille fois notre «manque» de liberté d'expression qui n'a conduit à ce jour aucun journaliste marocain en prison pour ses opinions, à cet « océan» de liberté en Algérie qui broie plumes et encriers à Alger, avec à l'heure actuelle, trois journalistes croupissant dans leurs cellules, et pas moins de dix-huit procès de journalistes en instruction.

Je me demande  franchement si le  directeur d'«Achourouk» vit en Algérie ou ailleurs ?
Quant à cette autre « vérité » d'«Achourouk» qui veut qu'au Maroc il n'y a pas de presse, je rappelle à son directeur qu'à chaque fois (c'est quasi quotidien) que la presse algérienne dans la multitude de ses titres, s'attaque au Maroc, elle le fait le même jour, sur le même sujet, avec les mêmes idées et très souvent les mêmes expressions. Traduisons : silence on souffle.

C'est d'ailleurs par ce souffle fort, qui, par la maladresse de ses auteurs et de ses porteurs, parvient jusqu'à nos oreilles, que nous apprenons par la bouche du directeur d'«Achourouk» que le Maroc a peur de l'Algérie. Une vraie trouvaille.

Je rappelle à Monsieur le directeur (le rappel est bénéfique pour les croyants «Coran») que le défunt Président Boumediène avait un jour de sa vie, fait sourire le monde entier en disant : «La Monarchie marocaine représente un danger pour la révolution algérienne ».

Alors, qui a peur de l'autre ? La question est toujours d'une brûlante actualité quand on sait que ceux qui sont actuellement aux commandes en Algérie, ont grandi pour la plupart dans l'école Boumediène. Il semble bien que Monsieur le directeur est, soit un nouveau venu, soit une plume sans mémoire. Dans l'une et l'autre des deux hypothèses, il y a beaucoup à dire.

Le directeur d'«Achourouk» est allé même jusqu'à nier que l'Algérie offre gîte et couvert au «polisario».

Le «polisario», Monsieur le directeur, n'est établi ni aux îles Comores, ni dans la Baie des Cochons, mais bien à Tindouf en plein territoire algérien.

S'agissant du mur de Berlin évoqué dans le commentaire de la MAP, le directeur d'«Achourouk» n'a voulu y faire voir pour ses lecteurs, pour autant qu'il en a, que la pierre et le fer, et, jouant sur les mots à défaut d'arguments, il assène dans l'amalgame une toute autre vérité, à savoir que les Juifs (c'est son terme) avaient expérimenté le mur au Sahara avant de le construire en Palestine.

Bravo ! Vous aurez pu être plus explicite, Monsieur le directeur, pour dire que le Maroc n'avait fait appel aux «Juifs» qu'après avoir tiré de sa tombe Monsieur Maginot, qui s'est dit oublieux de ses techniques après tant d'années passées sous terre.

Quand l'imagination est à ce point fertile, on ne doit pas se priver d'y creuser à volonté. C'est ce que vous avez fait en parlant de Tifariti comme zone libérée. Je m'empresse de vous rassurer qu'au Sahara marocain, il n'y a pas de territoires libérés et il n'y en aura pas. Enchaînant dans cet obscur labyrinthe, Monsieur le directeur affirme que l'Algérie n'a pas construit de mur ni au Sahara, ni sur ses frontières avec le Maroc. Soit ! Mais qui a fermé la frontière maroco-algérienne en en faisant un mur entre les deux peuples frères ?

La décision est venue d'Alger. Si ce n'est pas l'Algérie comme vous le dites, et puisque ce n'est pas le Maroc comme le monde entier le sait, c'est qui ? Le «polisario» soudainement passé de l'élève pris en otage au maître ?
Monsieur le directeur n'a certainement pas besoin qu'on lui souffle des idées pour répondre à cette question.

En vous lisant, Monsieur le directeur, j'ai compris que sans le biberon, votre journal «Achourouk» ira tout droit à son crépuscule (Al Ghoroub), au grand bonheur de ceux parmi les journalistes algériens pour lesquels vous avez gravement manqué d'égards.
La polémique est un art que j'apprécie, pour peu que le vis-à-vis soit intellectuellement un adorable pamphlétaire.

Abdelkrim EL MOUSS | Journaliste à l'agence MAP
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