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9 mars 2006

Cinquante ans après l'indépendance...

De notre envoyé spécial Serge Raffy

24 février. « Gouverner, c'est pleuvoir »      
Dans l'autobus Casablanca-Marrakech. La pluie tombe sans discontinuer. Un crachin anglais, serré et lancinant. Sous le ballet des essuie-glaces, Brahim, le chauffeur, chante à tue-tête. Il est heureux comme un enfant. Comme la plupart de ses passagers marocains. Il remercie le ciel qui pleure. Est-ce une prière, un chant ? Il invoque le Très Haut et la bonne période que traverse le pays. Oui, Allah est en train de donner un sacré coup de main au gouvernement et au roi, Mohammed VI. Car, au Maroc, la pluie change tout. Et elle tombe depuis des jours. Des villages les plus reculés de l'Atlas ou du Rif, des tours de verre de Rabat, des plages d'Essaouira, des dunes de Zagora, elle rend l'âme joyeuse et « donne la confiance ». La pluie est bonne fille. Elle ne fait pas de discrimination. Elle arrose tout le monde. Les agriculteurs et les citadins. Les riches et les pauvres. Les saints et les voyous. Elle agace le touriste et ravit l'autochtone. Elle signifie prospérité, abondance, paix sociale. En période de pluie, les courbes de consommation grimpent autant que durant les fêtes de l'Aïd. Et la Bourse de Casablanca flambe comme jamais.

Alors Brahim chante. Tout près de Benguerir, dans le village de Mechraa Abbou, il décide de faire une halte pour montrer à ses « hôtes » les eaux tumultueuses du fleuve Oum er-Rbia (« la mer du printemps »). Les villageois se précipitent vers le bus, les bras chargés des poissons qu'ils ont pêchés au petit jour. Tanches, gardons, carpes, à profusion. L'oued, le fleuve, n'a jamais connu pareille fête. En quelques minutes, tout est vendu. Brahim exulte. Ce soir, à Marrakech, il apportera un brochet à ses enfants. Coût : 20 dirhams, l'équivalent de 2 euros. «Pour comprendre cette euphorie générale, il faut savoir qu'ici, au Maroc, des régimes politiques, des dynasties se sont effondrés à la suite de grandes sécheresses, raconte Mohammed el-Faïz, professeur à l'université de Marrakech, auteur des « Maîtres de l'eau » (1), ouvrage sur l'histoire de l'hydraulique au Maroc. Les Almohades, par exemple, qui régnaient sur un royaume dont les deux grandes capitales étaient Marrakech et Séville ont disparu à la suite de terribles sécheresses. Hassan II a connu, lui aussi, des moments difficiles à cause du manque d'eau. Toutes ces données sont inscrites dans la conscience populaire. Alors quand la pluie tombe, le pays rayonne.» Du temps du protectorat français, le maréchal Lyautey avait lancé cette formule célèbre : «Au Maroc, gouverner, c'est pleuvoir.»

25 février. 10 millions de touristes en 2010       
Il pleut sur Marrakech. Place Djamaâ el-Fna, au coeur de la ville-jardin, sur cette immense esplanade touristique - qui signifie l'« allée des morts », place de Grève où l'on exécutait les criminels -, les saltimbanques de tous poils, charmeurs de serpents, dresseurs de singes, conteurs, s'activent devant des milliers de touristes à la tombée du jour. Mustapha, 15 ans, est la fierté des policiers de la brigade touristique. Il y a trois ans, il était pickpocket, mendiant, faux guide, faux gardien de parking. Il gagnait misérablement une poignée de dirhams pour survivre. Il venait d'un petit village de l'Atlas, du côté d'Oukaimeden, chassé par sa famille de paysans, trop pauvres pour le nourrir. Très vite, il a intégré une petite bande d'enfants des rues, a passé deux mois en prison, puis a bénéficié d'un programme de réinsertion. Il a fini par obtenir son brevet de guide officiel. La médina, la mosquée de la Koutoubia, la Palmeraie et ses villas luxueuses, «comme à Hollywood», les centaines de riads, ces petits palais privés transformés en chambres d'hôte, souvent par des Français, les souks, cette planète magique de la « Perle du Sud », Mustapha en connaît tous les recoins, toutes les rumeurs aussi. Il peut vous conduire au Pavillon, le restaurant où Oliver Stone, Hugh Grant, Colin Farrell viennent dîner quand ils sont de passage, il peut vous susurrer le nom de la boîte de nuit où descend Jamel Debbouze. Il peut vous annoncer que la Mamounia, le fameux palace où dorment les stars du cinéma américain, va fermer neuf mois pour travaux de restauration. Mounir y a vu entrer Zidane, son idole, et toute sa famille. David Beckham aussi. Les beautiful people devront émigrer vers d'autres palais, comme le Ksar Char Bagh, sublime reconstitution de l'Alhambra de Grenade, au coeur de la Palmeraie. Dans ce palais d'hôte qui semble avoir été construit par un architecte almoravide, les milliardaires en mal de discrétion viennent goûter aux plats de Damien Durand, jeune chef au look baba cool, sorti de chez Ducasse, Hermé et Robuchon.
Mustapha a un rêve. Revenir dans son village, à 80 kilomètres de Marrakech, et ouvrir un magasin de... location de skis. A Oukaimeden, plus haute station d'hiver de l'Afrique, le gouvernement a lancé un projet immobilier pour attirer la gentry internationale. Un groupe des Emirats compte investir des millions de dollars dans une usine de neige artificielle pour ouvrir un domaine skiable « à l'autrichienne », à perte de vue, qui fonctionnerait en toute saison. Objectif des pouvoirs publics : faire de cette région de l'Atlas un nouveau Megève. Utopique ? Dans le cadre du plan Azur, programme ambitieux orchestré par le roi, qui vise à attirer 10 millions de touristes au Maroc en 2010, la wilaya de Marrakech est en première ligne. Ambition des décideurs marocains : faire de cette région la Floride de l'Afrique. Avec des touristes plutôt haut de gamme. Leurs activités sur place ? La plage à Essaouira, le ski à Oukaimeden, la culture et le golf à Marrakech. Palm Springs aux portes du désert. Gstaad, Saint-Tropez et Miami dans le même packaging. Projet babylonien. Le tout dans un rayon de 100 kilomètres. «Ce n'est pas un caprice, explique Mounir Chraibi, wali (préfet) de la région de Marrakech. Ces grands programmes ont pour seul objectif la bataille de l'emploi. Nous ne pourrons sortir notre pays des difficultés qu'il traverse qu'avec une ambition qui est celle de procurer un travail à chaque Marocain.» A Marrakech, la prospérité passe par le palmier. « Nous avons créé une pépinière de 15 hectares, dit Omar el-Jazouli, le maire de la «Perle du Sud». Nous allons produire 80 000 pieds par an. » Il faut protéger la ville-jardin dans l'immense chantier à ciel ouvert qu'est devenu Marrakech. Des programmes immobiliers fleurissent par dizaines, les grands groupes hôteliers mondiaux investissent (lire notre article p. 28). Montant de cette manne en 2005 : 3 milliards d'euros.
Mounir Chraibi fait partie des jeunes quadras qui ont décidé de « rester au pays ». Diplômé de Polytechnique en France, il aurait pu, comme de nombreux membres de l'élite marocaine, pantoufler dans un grand groupe français ou européen. Ici, il gagne cinq à dix fois moins que ses camarades qui ont choisi le privé. Lucide, pragmatique, il connaît les difficultés du Maroc, l'héritage des années de plomb (voir l'article de Sara Daniel, p. 20), les dangers de l'islamisme (voir l'article de Farid Aïchoune, p. 22), le drame de l'analphabétisme en zone rurale, la situation encore fragile des femmes malgré la loi sur l'égalité des sexes, la moudawana imposée par le roi. Mais il tente le pari du développement par le tourisme. Son rêve, comme tous ceux qu'on nomme ici la génération « M6 » ? L'émergence d'une classe moyenne qui produira de la citoyenneté, donc de la responsabilité, donc de l'honnêteté, donc de l'éducation, donc de la démocratie réelle. Après la « Marche verte » de Hassan II dans les années 1970, la « marche bleue » de Mohammed VI...

26 février. Le Maroc est une île      
Village de Tahanaoute, tout près de la vallée de l'Ourika, dans le Haut Atlas. Mohamed Mourabiti est un chef d'entreprise singulier. Il fabrique et vend des bâches pendant la journée. Le soir, il peint des oeuvres abstraites qui commencent à se vendre. Mais ce hobby ne lui suffit pas. Il vient d'ouvrir un lieu pour artistes, Al-Maqam, une Villa Médicis perdue dans les oliviers avec cellules monacales, ateliers, piscine. Avec son ami, l'écrivain Mohamed Nedali (2) qui habite au village, il disserte du Maroc mythique, de son histoire ballottée entre l'Orient et l'Occident. Et de cette étrange sensation d'insularité qui habite le Marocain. L'idée surgit au détour de la conversation : le Maroc est une île. Une terre entourée de mers : la Méditerranée, l'Atlantique et le Sahara. La mer de sable n'est pas la moins présente. Elle isole, encercle, donne le tournis, envoûte, vous rend perméable et prêt au départ. «C'est un très joli mythe véhiculé par Tahar Ben Jelloun, dit Mohamed Nedali, mais je ne suis pas d'accord avec lui. Le Marocain serait un nomade, un homme qui fuit sa terre vers l'Europe par prédisposition génétique. Faux. Il part pour se sauver de la faim ou de la peur, c'est tout. Moi, je ne pars pas. Ici, dans mon village, je vis avec des paysans d'une immense générosité. Je roule à bicyclette. Je reste au contact de la vérité de mon pays, quels que soient ses défauts. Je suis berbère, je peux vous dire qu'aujourd'hui on respire infiniment mieux qu'il y a dix ans.»
Les deux hommes évoquent la période des années 1980 où le berbère était interdit à l'école. Depuis l'avènement de Mohammed VI, le tamazight (le berbère) est devenu une langue à part entière, introduite dans les programmes publics et dans les émissions de télévision. On a également mis en avant la darija, l'arabe dialectal du peuple illettré. «La plupart des gens ne comprenaient rien au journal télévisé officiel qui était en arabe classique, raconte Nadfia Essalni, directrice de Yomad, maison d'édition de livres pour enfants, des contes illustrés tirés de nouvelles du grand écrivain Driss Chraïbi. Tout doucement la diversité de notre pays et de notre histoire apparaît clairement. Il n'y a plus cet empire de l'arabité.» Pour beaucoup, la politique de Hassan II consistait à laisser le peuple dans l'ignorance, sans instruction, abandonné à l'obscurantisme des imams wahhabites, pour protéger de tout soulèvement le palais, le makhzen, selon l'expression populaire. L'intégrisme, opium du peuple ? Mais la globalisation, internet, les antennes paraboliques ont fait voler cette stratégie en éclats. «Pas à pas, nous avançons dans un regard pluriel de notre société, note Fayçal Laraichi, président des chaînes publiques de télévision. Mais nous le faisons à notre rythme, avec notre société réelle et pas avec celle que les voyageurs pressés croient percevoir.» Mohamed Nedali ne fait pas partie du makhzen, qu'on peut aussi traduire par l'« entourage du roi », et se considère comme un homme libre. A la fin de l'entretien, il glisse au visiteur une anecdote : «Hier, je suis allé me promener. J'ai découvert un étrange spectacle: un enclos parsemé de pierres qui étaient plantées vers le ciel. Cela n'avait aucun sens. J'ai appelé l'endroit«le champ des pierres arrogantes». Pour comprendre ce pays, il faut éviter l'arrogance...»

27 février. Entre islam et « movida »       
Au coeur du palais royal de Rabat, surnommé par l'opposition la « Cité interdite », à laquelle on accède aujourd'hui en toute liberté. Dans le bureau d'Ahmed al-Tawfik, ministre des Relations islamiques. Pour réagir à la menace intégriste, le gouvernement lance une grande opération de formation accélérée des 35 000 imams du royaume. Le pays compte 40 000 mosquées. Un guide de l'enseignement coranique va être distribué à tous avant le 15 avril, puis débattu au sein du Haut Conseil des Oulémas. Ahmed al-Tawfik, lui-même soufi, romancier à ses heures (3), professeur d'histoire, a été nommé par le roi, en 2002, pour remettre de l'ordre dans le « clergé » musulman. Sur la pointe des pieds. Officiellement le commandeur des croyants, roi de droit divin, n'a pas de problème avec les imams, puisqu'il est le descendant du Prophète. Dans les faits, depuis les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, le virus de l'intégrisme inquiète. «Nous n'avons pas attendu le 16 mai pour nous intéresser à cette question, souligne Ahmad al-Tawfik. Nous allons équiper 2 000 mosquées d'écrans de télévision pour former nos prédicateurs à travers des programmes adaptés à notre pays.» Autre objectif : utiliser les mosquées comme lieux d'alphabétisation pour les adultes. Là encore, Mohammed VI supporte le lourd héritage de son père qui avait laissé libre cours aux « barbus » par anticommunisme. Résultat : la société marocaine, en dix ans, s'est repliée dans la religiosité. Les femmes voilées sont majoritaires, sauf dans les beaux quartiers de Rabat ou de Casablanca. Là aussi, le pouvoir marocain est engagé dans une course contre la montre.
La movida marocaine, c'est un peu la danse des modernes sur un volcan en fusion. «Nous devons faire avancer tous les dossiers en même temps, souligne Mustapha Bakkoury, directeur de la Caisse des Dépôts et de Gestion du Maroc. Nous voulons prouver que le Maroc est prêt à monter dans le train de la mondialisation. C'est vrai, nous sommes pressés, parce que nous sommes un pays en voie de développement, et que nous ne voulons pas rester au bord du chemin. Nous avons les capacités pour réussir. Notre peuple est en train de reprendre confiance en lui. Il a toutes les capacités pour réussir et pour prouver au monde qu'on peut allier la modernité avec le respect de nos traditions.» Forme d'autopersuasion ? Mustapha Bakkoury déplie une immense photo aérienne du chantier du futur port de Tanger. Un gigantesque projet de dimension internationale sur la Méditerranée, qui devrait accueillir en 2008 ou 2009, les plus grands tankers du monde. Une immense zone franche jouxte le port, dans laquelle seraient déplacées les activités industrielles de la ville de Tanger elle-même, pour lui redonner le lustre et la légèreté de l'époque de Paul Bowles. Tanger, trait d'union entre le Nord et le Sud, ne serait plus un simple mirage pour écrivains en quête d'orientalisme, mais la passerelle industrieuse entre deux mondes. Comment ne pas souscrire à de si belles ambitions ?

28 février. Le poids des interdits      
Casablanca. Souk de Derb Ghallef. Ici, c'est l'autre Casablanca, loin du quartier huppé de la Corniche, des maison Art déco, des clubs privés du bord de mer qui vous donnent l'impression d'être à Biarritz. Derb Ghallef, labyrinthe, caverne d'Ali Baba, est le temple de l'économie informelle de Casablanca. On y vend à peu près tout ce qui existe en matière de téléphonie et de télévisions à plasma. On y trouve aussi les DVD de Gad Elmaleh pour 15 dirhams, soit environ 1,5 euro. Quand il vient à « Casa », sa ville natale, il démarre toujours ses sketchs par « je sais, vous m'avez déjà vu à Derb Ghallef ». Ici, Gad est une immense star. «Il parle exactement comme les gens de la rue d'ici, explique Ali Amar, rédacteur en chef du «Journal hebdomadaire». Il a la même gestuelle. Les stéréotypes des sketchs de Gad sont tous marocains, surtout les premiers. Alors que Jamel Debbouze est considéré comme un Français, un gars des cités.» Surprise : le Marocain moyen n'aime guère les beurs. Il les trouve arrogants, bruyants, peu respectueux des usages. «Quand les loulous des cités du 92 ou du 93 débarquent avec leurs BM et leurs sonos de rap, ils sont très mal vus. Même s'ils sont marocains d'origine, on les prend pour des Américains, ajoute le journaliste. Nous avons une certaine idée de notre identité... Même si elle est compliquée.»
Vous avez dit identité ? C'est l'incontournable problématique marocaine. Qui sommes-nous ? Des bouts de France, des bouts de Maghreb, des bouts d'Afrique, des bouts d'Atlantique, des bouts de Sahara... Comment être citoyen moderne dans un régime monarchique de droit divin, aussi démocratique soit-il ? Vers quels chemins se dirige Mohammed VI ? Juan Carlos est-il un modèle ? Ou bien la monarchie anglaise ? Au royaume chérifien, le débat, sur ce thème, reste encore impossible. Bâillonnés durant des décennies, les Marocains font l'apprentissage de la liberté. «Nous sommes dans une situation schizophrénique, dit Réda Allali, leader du groupe de rock Hoba Hoba Spirit. Officiellement, l'alcool est interdit par la loi, mais vous pouvez l'acheter par pack de douze au supermarché. Toujours selon la loi, l'homosexualité est un crime grave. Elle est passible de prison. Et en même temps, on commence à parler des livres d'Abdellah Taïa (4), un écrivain marocain qui se revendique gay. Nous sommes dans un système de prohibition absurde. C'est ce système qui fournit de la main-d'oeuvre aux barbus et aux terroristes, pas seulement la misère matérielle. C'est la misère morale. Ceux qui disent que nous sommes sur un repli identitaire se trompent. Tout simplement parce nous ne connaissons pas notre identité.»

1er mars.  Faire face à la misère
Quartier Sidi Bernoussi. Casablanca. Najat M'jid fait une entrée tonitruante dans l'orphelinat Bayti, dans ce quartier pauvre du nord de Casablanca, tout près de la gare Ain Sebaa. Depuis dix ans, cette pédiatre en jeans envoie des équipes mobiles sillonner la ville à la recherche des enfants des rues.
Dans les squats, dans les gares, partout où les gosses trouvent des abris de fortune, elle tente de les sortir de l'enfer. «On compte à peu près 13000 enfants dans les rues des grandes villes du Maroc, dit-elle. Mais ces chiffres sont discutables, sans doute trop faibles, car nous n'avons pas vraiment d'instrument de mesure. Moi aussi, je suis dans une course contre la montre. La plupart des enfants que je récupère sont analphabètes et n'ont plus aucun repère social. Le Maroc n'est pas la Colombie, avec ses gangs de gamins tueurs, mais si nous n'agissons pas vite, nous y allons tout droit.» Najat M'jid a une grande fierté : Abderrazak, un de ses « filleuls », abandonné par sa famille, ancien voleur, a pu vivre grâce au foyer sa seule et unique passion : les chevaux. Il est aujourd'hui jockey au haras royal de Mohammed VI. Et les autres ? Autour du foyer Bayti, des dizaines de douars, des bidonvilles s'étendent le long de la zone portuaire de Casablanca. «Nous allons à Fès, à Meknès, partout où les douars se perpétuent, insiste Najat M'jid. Il faut faire vite...Très vite.» La « marche bleue » ne fait que commencer.

Serge Raffy


«Marock », c'est à la fois « la Fureur de vivre » et « la Boum » en version marocaine. A Casa, les rejetons de la bourgeoisie préparent le bac au lycée Lyautey. Ils se font conduire en cours, puis en boîte par le chauffeur de papa. Alcool, drague et raids en BMW sur les boulevards : tout semble permis. Mais quand la jeune Rita (Morjana Alaoui) s'éprend du juif Youri (Matthieu Boujenah), on frôle le scandale. Et puis l'islam est là, comme un recours et un opium en cas de coup dur ! Un premier film attachant de la jeune réalisatrice Laïla Marrakchi présenté l'an dernier au Festival de Cannes.

                                                                                                            
(1) Actes Sud.
(2) « Morceaux choisis » et « Grâce à Jean de la Fontaine », Editions Le Fennec.
(3) « L'Arbre et la Lune », Phébus.
(4) « L'Armée du salut », Seuil.

Serge Raffy

La fièvre de Casablanca

«Marock », c’est à la fois « la Fureur de vivre » et « la Boum » en version marocaine. A Casa, les rejetons de la bourgeoisie préparent le bac au lycée Lyautey. Ils se font conduire en cours, puis en boîte par le chauffeur de papa. Alcool, drague et raids en BMW sur les boulevards : tout semble permis. Mais quand la jeune Rita (Morjana Alaoui) s’éprend du juif Youri (Matthieu Boujenah), on frôle le scandale. Et puis l’islam est là, comme un recours et un opium en cas de coup dur ! Un premier film attachant de la jeune réalisatrice Laïla Marrakchi présenté l’an dernier au Festival de Cannes.

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