Le Royaume à la limite du «stress hydrique»
Si ce n'est pas un signal d'alarme que les participants à l'atelier sur la gestion durable des barrages en méditerranée ont tiré, cela y ressemble énormément en tout cas. La situation hydrique dans les pays du pourtour méditerranéen a connu ces dernières années une réelle dégradation notamment à cause de la raréfaction de l'eau et des troubles climatiques. Ainsi, 180 millions de personnes habitants dans le Sud et l'Est de la Méditerranée vivent avec moins de 1000 m3 par an. 28 millions d'entre eux vivent en dessous de la pénurie avec moins de 500 m3 par an.
Le Maroc n'est pas en reste malgré une politique de barrages
volontariste et visionnaire qui lui a permis jusque-là de subvenir aux
besoins de la population.
Dans ce sens, Bouchaib Zitouni, directeur général de l'hydraulique a
souligné que le pays a traversé sans handicap majeur 20 années très
difficiles dont 14 sèches.
En effet, sans ses réserves en eau stockée dans les retenues des
barrages, l'alimentation des principales villes du Royaume et des
périmètres irrigués aurait été fortement compromise.
Cependant, d'après les observateurs, les ressources en eau du pays ne cessent pas de diminuer à cause surtout des changements climatiques, des ressources en eau limitées et d'une demande en augmentation continue. Le potentiel des ressources en eau par habilitation est passé de 2500 m3/habitant/an à 1000 m3/habitant/an. Le Maroc est ainsi à la limite du stress hydrique. C'est pour cette raison que Abdelkbir Zahoud, secrétaire d'Etat chargé de l'Eau, a insisté sur la nécessité pour le Maroc de construire 50 grands barrages d'ici 2025 et un millier de petites retenues avant 2050.
D'ailleurs, le Royaume s'est toujours distingué par une politique
clairvoyante en la matière. En 1967, feu Hassan II lançait " la
politique des barrages " pour assurer les besoins urbains en eau
potable et irriguer un million d'hectares, objectif atteint par
ailleurs en 1997. Le patrimoine d'infrastructures hydrauliques est
actuellement composé de 114 grands barrages d'une capacité de stockage
de plus de 16 Milliards de m3 et de 13 systèmes de transfert d'eau
d'une capacité totale de transport de 210 m3/s.
L'effort de mobilisation a également concerné les eaux
souterraines. Les travaux entrepris depuis 1961 ont permis la
réalisation d'un linéaire moyen de 100 km par an et de disposer d'un
volume renouvelable de près de 3 milliards de m3 par an.
La politique des barrages a permis d'accroître la production d'électricité avec 1300 mégawats de puissance installée. Une production qui permet en année hydrique normale d'atteindre 20 % de la production totale d'électricité du pays.
Karim Douichi