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22 novembre 2005

Ariel Sharon opère un grand virage au centre

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PROCHE-ORIENT. Le premier ministre forme un nouveau parti. Législatives anticipées en mars

Serge Dumont, Jérusalem Mardi 22 novembre 2005

«Responsabilité nationale» (RN). C'est ainsi qu'Ariel Sharon a baptisé le nouveau parti dont il a annoncé la naissance immédiatement après avoir quitté le Likoud. Soutenu par ses deux fils - les seuls conseillers qu'il écoute vraiment - et par les ministres les moins à droite de son gouvernement, le premier ministre s'est rendu lundi matin chez le président Moshé Katzav afin de lui présenter sa lettre de démission et de lui demander de dissoudre la Knesset. Donc, de provoquer des législatives anticipées dans les nonante jours.

Le président a réservé sa réponse mais il n'a pas vraiment eu le choix puisque les députés ont approuvé en quelques heures une proposition de loi pour dissoudre l'assemblée.

En attendant la publication de la date définitive des prochaines législatives - probablement le 28 mars 2006 - Ariel Sharon a en tout cas multiplié les appels aux membres du Likoud ainsi qu'à ceux d'autres partis afin qu'ils rejoignent la RN. Il a promis «une manière plus réaliste de diriger le pays» et «une nouvelle initiative diplomatique concernant le conflit avec les Palestiniens». Laquelle? «L'évacuation de quelques petites colonies», affirment ses proches.

Quatorze transfuges

Pour l'heure, le premier ministre démissionnaire peut en tout cas compter sur 14 transfuges du Likoud parmi lesquels le vice-premier ministre Ehoud Olmert, le ministre de la Défense Shaoul Mofaz, Tzipi Livni (Justice) et Meïr Chitrit (Transports). Mais d'autres personnalités du Likoud, de la formation centriste Chinouï et même du Parti travailliste semblent prêtes à les suivre. Entre autres, le ministre travailliste Haïm Ramon qui affiche son désaccord avec la ligne ouvriériste du nouveau président de son parti, Amir Peretz.

A Tel-Aviv, celui-ci a en tout cas appelé ses amis politiques à ne pas faire défection. Il a également parié sur la disparition de la formation de Sharon. «La RN est un avatar politique, a-t-il déclaré. Je vous demande de ne pas vous laisser appâter par ses belles promesses.»

Emettant en direct depuis les petites heures du matin, les radios et les télévisions israéliennes ont eu beaucoup de mal à suivre les rebondissements qui se succédaient au long de cette journée «historique». «Il y a bien longtemps que la classe politique israélienne n'avait plus connu pareils moments, avoue la commentatrice Rina Massliah. Certes, pour le moment, nul ne sait si la RN va mordre sur l'électorat malgré la popularité inégalée de Sharon (65% d'indice de confiance), mais il est certain que son départ du Likoud ainsi que l'irruption, jeudi dernier, du nouveau leader travailliste Amir Peretz sur le devant de la scène bouleversent toutes les prévisions.»

Rina Massliah poursuit: «Grosso modo, la formation de Sharon vise principalement l'électorat centriste, le Likoud a perdu la moitié de ses effectifs et ses prétentions hégémoniques alors que la formation de Peretz déborde de l'électorat travailliste traditionnel pour piétiner les plates-bandes de les toutes formations concurrentes, y compris celles d'extrême droite. Au soir du prochain scrutin, le paysage politique israélien n'aura sans doute plus rien à voir avec celui auquel nous nous étions habitués depuis des années. C'est inédit, inattendu, et passionnant.»

En réalité, c'est le Proche-Orient qui risque de changer puisque les sondages prédisent une importante poussée travailliste au soir du prochain scrutin. Donc, une modification de la relation qu'entretiennent les responsables israéliens avec leurs homologues palestiniens. Dans l'immédiat, les observateurs s'attentent cependant à un gel complet de ces contacts puisque Sharon ne dirige plus qu'un cabinet de transition composé d'une poignée de fidèles gérant les affaires courantes. Même s'il voulait prendre une initiative, il ne le pourrait pas faute de majorité parlementaire.

En supposant que les Israéliens votent à la fin mars, leur nouveau «gouvernement ne sera de toute façon pas pleinement opérationnel avant la fin du printemps», estime le chroniqueur Raviv Drucker. «Entre-temps, des législatives auront également lieu dans les territoires palestiniens et de nombreux autres événements se seront produits dans la région. L'incertitude est donc totale. Si Peretz devient premier ministre, les événements risquent de s'accélérer, mais si les Palestiniens retrouvent une situation inchangée, ils risquent de laisser exploser leur frustration.»

Le Temps

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