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19 avril 2006

Peuple algérien otage de ses dirigeants

http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2355

Peuple démoralisé

Durant cette dernière décennie, une constante a caractérisé les Algériens : leur lassitude et leur désintérêt total vis-à-vis de la vie politique intérieure et de la scène internationale.

L’invasion de l’Irak et les agressions répétées que subit le peuple palestinien sont vécues dans l’indifférence quasi générale. Les dernières caricatures du prophète Mohammed sont passées complètement inaperçues.

Rien n’intéresse les algériens, rien ne provoque leur désapprobation pas même la crise économique qui les frappe de plein fouet. Ils vivent leur situation dans une résignation totale. Le peuple a perdu tout espoir de voir un changement de leur paysage politique par la voie des urnes.

Pouvoir clanique

Les dirigeants successifs qu’a connus l’Algérie depuis son indépendance sont principalement issus du clan d’Oujda plus connus sous le nom des « planqués » du Maroc. En effet, pendant la guerre de libération ce clan faisait partie de ce qu’on appelait à l’époque l’armée des frontières, ils étaient cantonnés au Maroc près des frontières algériennes. Dès l’indépendance, ils ont pris les rênes du pouvoir par le sang et avec l’appui des forces locales - armée de supplétifs mise sur pied par le gouvernement français à la veille de l’indépendance de l’Algérie.

Ces dirigeants se sont autoproclamés révolutionnaires ou libérateurs ; tels des seigneurs du moyen-âge, ils ont banni dans leurs discours les mots « État » et « Gouvernement », et les ont remplacés par « Nous » désignant sa Seigneurie le Président ; les refrains : « Nous vous avons donné...... ..Nous vous avons hissé au rang des pays développés » étaient d’un usage courant.

Ce mode de gouvernance ne doit rien au hasard, il a été minutieusement planifié par ce clan.

La société et les institutions sont méticuleusement quadrillées par la redoutable sécurité militaire de la DRS (Direction des Renseignements et de Surveillance). Celle-ci est secondée dans sa tâche par une télévision et des médias domestiqués, notamment par l’occupation de la scène médiatique. Leur rôle est de créer l’illusion d’une Algérie de liberté d’expression à destination du monde extérieur.

La presse algérienne est bâillonnée. Rares sont les journalistes téméraires, qui osent sortir du rang. Le rédacteur en chef algérien, M. Benchicou, a fait l’amère expérience de l’affront fait au Président. Actuellement, il croupit en prison pour une obscure affaire de bons de trésor non déclarés au fisc.

La presse, en général, n’est autorisée à relater que les effets de la crise mais jamais ses causes.

Pour compléter son dispositif de verrouillage de la société, le pouvoir utilise les services des chefs de confréries religieuses, des petits chefs locaux et des affairistes véreux.

Ces individus constituent des relais sûrs du pouvoir dans le domaine économique mais aussi social, les critères de leur sélection sont basés essentiellement sur leur degré de soumission et de leur allégeance.

Les membres du gouvernement sont choisis avant tout en fonction de leur lieu de naissance au détriment de leur compétence. Les principaux portefeuilles ministériels (Intérieur, Affaires étrangères, Finance, Pétrole) du gouvernement actuel de Bouteflika sont détenus par des personnes originaires de la même région que le Président. La cooptation sur les bases claniques est devenu le meilleur moyen d’assurer la pérennité du pouvoir, quitte à user du mensonge ou de la violence.

La corruption est instaurée comme un mode de gouvernance. Les différents clans se sont répartis tous les secteurs de l’économie ; les commissions occultes perçues sur les échanges commerciaux ont contribué à l’enrichissement de ces clans mafieux.

Durant l’été 2005, l’ancien wali (préfet) d’Oran, M. Abdelkader Zoukh, a appris à ses dépens son ignorance des rouages qui régissent le pouvoir. Il fut débarqué de ses fonctions au bout de 6 mois d’exercice.

Cet homme, qui avait la solide réputation d’une personne intègre et travailleuse, a entrepris de mettre de l’ordre dans la ville d’Oran. Il a lancé des chantiers ambitieux et la population oranaise commençait à voir avec surprise un wali qui agit pour l’intérêt de la collectivité et constatait de visu les fruits du travail acharné du Wali.

M. Zoukh, certainement naïf, n’était pas aux faits des combines claniques du pouvoir, commet un lèse-majesté en voulant s’attaquer à un puissant « baron », originaire du même douar que Bouteflika, qui avait le monopole du foncier. Bouteflika n’hésita pas un instant de remettre le wali à sa place, il muta illico, sans aucun prétexte juste par le fait du prince, M. Zoukh vers une obscure petite préfecture.

Le successeur du Wali d’Oran comprit la leçon, il arrêta tous les projets en cours, laissa les membres du sérail présidentiel à leurs affaires et Oran, la tumultueuse, retrouva son légendaire désordre.

Les pouvoirs successifs de l’Algérie n’ont jamais permis l’émergence d’une véritable société civile. Un peuple infantilisé, qui se comporte comme un « peuple locataire » d’un pays, est beaucoup plus malléable par le pouvoir.

Populisme

Pour asseoir leur pouvoir, les dirigeants usent et abusent du petit écran, il est devenu leur premier moyen de propagande.

L’ultime plaisir d’un président algérien est de prendre un bain de foule devant les caméras de l’unique chaîne de télévision algérienne.

Pour flatter l’ego exacerbé du Président, toutes les occasions sont bonnes à prendre . Le 9/04/2006, lors de la pose de la première pierre pour la réalisation d’un collecteur d’égout dans la banlieue algéroise, le Président Bouteflika, s’est octroyé un moment d’extase, sans scrupule, au milieu d’une foule hystérique. Il espère, par un effet de mimétisme, entraîner tout le peuple dans l’adoration de leur Président. Ce dernier organise autour de sa personne un véritable culte de la personnalité.

Servi par un bagout hors du commun et un sens certain de la répartie, Bouteflika a su amadouer le peuple. Obnubilé par le paraître et subjugué par le petit écran, il offre au peuple des shows télévisés quotidiennement. Le scénario de ses prestations cathodiques est bien rodé et il se déroule toujours selon la même trame tel ce fameux film « Un jour sans fin ».

On y voit un Président visitant un chantier quelconque avec la dégaine d’un petit contremaître et l’œil méchant voire inquisiteur d’un petit chef, son « One Man Show » est agrémenté par quelques envolées lyriques et colériques.

Fustigeant la gabegie dans laquelle baigne le pays (alors qu’il en est le premier responsable), il conclut son numéro par des remontrances à l’encontre d’un comparse qui peut-être selon les situations un préfet, un responsable, un ministre ou un conducteur des travaux voire un simple passant qui se trouvait là par hasard.

Le pouvoir abreuve la population de promesses vaines, il lui donne l’illusion d’être dirigée par des responsables soucieux de la bonne marche du pays et de leur bonheur. Le bon peuple naïf continue d’avaler les mêmes couleuvres !

Chronique des années de sang, la décennie noire

La persistance de l’injustice et la montée fulgurante de la précarité ont poussé les dirigeants algériens, au début des années 90, vers plus d’ouverture politique. Le pouvoir décida alors d’organiser des élections multipartites. Le peuple le prit au mot et il s’en donna à cœur joie. Pour punir ce pouvoir incarné en le FLN qui pèse si lourdement sur les épaules des algériens depuis des décennie, ces derniers ont massivement voté pour les islamistes.

L’arrêt du processus électoral en janvier 1992 s’est ensuivie de longues années de terrorisme, de massacre et de destruction de l’économie du pays.

Le bilan est lourd, très lourd : près de 200.000 morts et un million de victimes sans parler des pertes financières qui se chiffrent par dizaines de milliards de dollars.

De manière à tourner la page de ces années noires, une charte a été votée récemment. Elle assure l’impunité aux responsables de crimes au regard du droit international et interdit, sous peine d’emprisonnement, à quiconque d’évoquer les parties responsables de la sale guerre.

Contre une indemnisation financière, les familles des disparus n’auront plus le droit de porter plainte et sont sommées de se taire. Par ailleurs, de larges compensations financières et des revenus réguliers sont offerts aux terroristes "repentis" et autres bourreaux ainsi qu’à leurs familles !

Cette amnistie ne vise pas seulement à innocenter les groupes armés islamistes mais elle blanchit aussi les services de sécurité et les généraux algériens impliqués dans des disparitions et des liquidations extrajudiciaires.

En d’autres termes, cette charte absout les auteurs des crimes contre l’humanité et autres graves atteintes aux droits humains de toute poursuite.

Les noms des généraux Mohamed Mediène et Smaïl Lamari reviennent systématiquement dans les rapports des humanitaires, le général S. Lamari s’est rendu célèbre par l’ordre macabre qu’il donnait à ses officiers « Je ne veux pas de prisonniers, je veux des morts ! » .

Une plainte déposée en 2004 par la famille d’un moine assassiné à Tibehirine, a mis le pouvoir algérien hors de lui, depuis ce jour il ne manque pas une occasion pour pester contre la France.

Les généraux sont traumatisés par le sort réservé par la communauté internationale aux criminels de guerre Yougoslaves et Rwandais. Afin d’échapper à une telle perspective, le pouvoir utilise tous les moyens pour éviter cette issue, il s’est empressé de se rapprocher des Etats-Unis afin de gagner son immunité contre d’éventuels poursuites. Il a également nommé M. Bedjaoui, ancien président de la Cour internationale de justice à La Haye, au poste de ministre des affaires étrangères algérienne. Tout cela afin de rentrer dans les bonnes grâces de la Cour.

La grande braderie

L’éclatement de l’URSS a fait émerger un monde unipolaire où seule la puissance Etats-unienne dicte sa loi. Face à ses besoins croissants en énergie, George W. Bush a bâti sa nouvelle stratégie, basée sur le système des concessions qui assure aux compagnies américaines la propriété exclusive, ceci sans aucune possibilité d’un éventuel retour en arrière pour le pays hôte, sauf si ce pays est pris d’une envie suicidaire en acceptant d’affronter les foudres de l’oncle Sam.

L’Algérie avec ces réserves prouvées de 12 milliards de barils a été livrée, par ces gouvernants, à l’appétit vorace des multinationales occidentales.

Le gouvernement, plutôt, le pouvoir algérien soucieux, des intérêts supérieurs des Etats-Unis n’hésite pas à déclarer le 22 novembre 2002, par l’intermédiaire de Bouteflika, au Washington Times « L’Algérie ambitionne de devenir le premier producteur du continent africain et ainsi assurer aux Etats-Unis la sécurité énergétique supplémentaire dont ils ont besoin ». Joignant l’acte à la parole, la nouvelle loi sur les hydrocarbures récemment adoptés par le « Parlement » algérien répond pleinement au diktat américain.

Cette loi préconise que toute société étrangère qui viendrait exploiter le pétrole algérien, le ferait en dehors de tout cadre technique et sans aucune contrainte sur les moyens d’exploitation. La compagnie pétrolière concessionnaire est alors autorisée à pomper d’une manière forcenée le champ pétrolifère. D’après de nombreux spécialistes, ce type d’exploitation est très néfaste aux réserves à long terme, mais qu’importe, les intérêts de ces compagnies ne sont pas forcément les mêmes que ceux de l’Algérie sauf peut-être ceux du pouvoir.

Ce type de concession a été aussi élargi à d’autres domaines stratégiques allant des services aux mines en passant par des secteurs tout aussi inattendus comme la pêche ou l’agriculture.

L’embellie financière

La hausse actuelle du prix du pétrole assure à l’état une aisance financière sans précédent, les derniers chiffres annoncent un matelas financier de 50 milliards de dollars.

Au même moment, les salaires se situent nettement en dessous du coût réel de la vie. Un médecin touche environ 16.000 DA (160 euros) par mois. Un professeur d’université algérien touche un salaire mensuel cinq fois moindre que son homologue marocain, alors que le PIB de l’Algérie est dix fois supérieur à celui du Maroc

Les Algériens ont pour habitude de dire qu’ils sont payés en dinars mais ils font leurs courses en euros.

Le budget de l’état est calculé sur la base d’un baril à 18 dollars, alors qu’il frôle actuellement les 70 dollars. De nombreux observateurs s’interrogent sur la destination réelle de ce différentiel de recette pétrolière.

L’état a fait miroiter au peuple un nombre incalculable de projets pharaoniques et ambitieux qui n’ont jamais vu le jour ; la construction du métro d’Alger est un projet inachevé qui date de plus de 20 ans. Cette publicité mensongère concernant ces grands travaux sert essentiellement d’arme de propagande, pour donner l’illusion à l’observateur lointain d’une embellie économique.

Pour compenser ses dépenses inconsidérées et les sommes astronomiques détournées par ses dirigeants et ses agents, l’état a considérablement alourdi la fiscalité directe et indirecte, le coût de la vie a subi en conséquence une hausse palpable. Tous les produits de consommation courante ont augmenté, au cours du premier trimestre 2006 : le prix du sucre a littéralement explosé, il a fait un bond de plus de 105 %, celui du lait a aussi connu une hausse de 20 %, ainsi que les fruits et légumes qui ont grimpé de 15 % alors que les prix de l’eau et de l’électricité sont devenus pratiquement prohibitifs, leurs hausses sont devenues presque mensuelles.

On en conclut que le peuple algérien est rarement invité à partager les dividendes de la manne pétrolière.

Société en déliquescence.

La paupérisation d’une large couche de la population a eu pour corollaire une explosion des chiffres de la criminalité ; le taux des délits a progressé de plus de 80 % dans certaines grandes villes, des citoyens sont détroussés en plein jour.

Ceci dénote l’absence coupable d’une volonté de lutte contre la criminalité car les gouvernants savent pertinemment que ce laxisme les préserve d’une révolte des jeunes démunis auxquels ils n’offrent aucune perspective.

L’économie de bazar est promu au rang de seul moyen de promotion sociale. Le pluripartisme n’est que de façade laissant les algériens devant des choix univoques. Les conditions et les causes de l’intégrisme qui a ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire sont toujours présentes.

Utopie ?

On se prend à rêver de cette autre Algérie, celle du peuple qui résiste et qui lutte contre la dictature pour un espoir de démocratie, de liberté, de justice et de prospérité. Une Algérie où l’on offre de l’espoir aux « harraga » [1] préférant le suicide à la vie dans ce pays.

Pourtant, c’est la seule possibilité qui lui est offerte pour se libérer du joug de ce nouvel oppresseur qui s’est substitué au pouvoir colonial et s’est imposé par la force depuis l’indépendance.

"Harraga" signifie "brûleur de routes", nom donné aux personnes qui prennent des risques au péril de leur vie afin de fuir leur pays pour un ailleurs plus reluisant.

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