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30 mars 2006

United Kingdom of Morocco

                                                                                                                   

L'affaire du Sahara devra connaître un tournant significatif. Plusieurs signes laissent présager un changement conséquent dans ce dossier qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis 1975. Avant de présenter sa proposition d'un plan de règlement à l'ONU, le 15 avril prochain, les autorités marocaines ont entrepris plusieurs actions tandis que le souverain accomplit un périple de six jours dans les "provinces du sud". Lors de cette tournée, le souverain a inauguré de nombreux projets socio-économiques concernant notamment l'eau potable, la pêche, l'habitat et le réseau routier, pour un investissement d'environ deux milliards de dirhams. Mais le but de cette visite demeure avant tout politique. Il s'agirait d'abord de la redynamisation du Conseil consultatif Sahraoui, un organe depuis longtemps mis en veilleuse et rassemblant des notables et des chefs de tribu sahraouis. Même si ce conseil existe depuis des lustres, il n'a jamais pu peser depuis sa dislocation au lendemain de la "Marche Verte". Le souverain pourrait le réactiver pour en faire le socle de son modèle de régionalisation avancée. Son mode de représentation devrait, selon des sources proches du dossier, être refondu. Par cette démarche, le Maroc souhaiterait réintéresser les notables sahraouis exilés en Algérie. Ce Conseil consultatif pour le Sahara devra, dans un premier temps, servir à collecter l'avis des tribus sahraouies sur les modalités de fonctionnement des institutions locales prévues par le plan royal. Le Palais avait déjà demandé aux partis politiques de soumettre des propositions sur l'autonomie. Pour sa part, le Polisario n'a pas manqué de dénoncer cette troisième visite du roi Mohammed VI sur le territoire la qualifiant "d'initiative belliqueuse qui menace sérieusement la sécurité régionale". Les séparatistes rejettent toujours en bloc le projet d'autonomie défendu par Rabat et s'en tiennent toujours à réclamer le droit à l'autodétermination par voie référendaire, comme l'a réaffirmé, le 21 mars, Ahmed Boukhari, le très influent représentant du Polisario à l'ONU, dans une déclaration à la télévision américaine Al Hurra. Une réaction qui intervient alors que le Maroc a marqué quelques points sur la scène diplomatique. L'Espagne, la France, et surtout les Etats-Unis, seraient prêts à soutenir la position marocaine. Le secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, aurait même rappelé à l'ordre John Bolton, son ambassadeur aux Nations Unies, connu pour être attaché à l'organisation d'un référendum au Sahara, comme cela fut préconisé par le Plan Baker dont il était l'un des concepteurs. Avec l'intervention de Rice, il semblerait que les Etats-Unis, alliés indéfectibles du régime marocain, considéré comme modèle dans la région, aient infléchi leur doctrine en faveur d'une solution négociée. Les grandes puissances occidentales devraient donc appuyer la proposition marocaine, même si elle ne s'avère pas révolutionnaire.
  Pas de concessions majeures
Selon des sources diplomatiques, ce serait davantage en raison de la « fragilité des institutions marocaines encore incapables d'encaisser une refonte en profondeur ». Ainsi, la copie marocaine ne devrait pas apporter de concessions majeures mais devrait se borner à définir les contours d'une « autonomie expérimentale », selon les termes d'un diplomate en poste à Rabat. Ceci dit, le souverain devrait tout de même annoncer les prémices d' une réforme constitutionnelle à même d'engager la mise sur pied d'une régionalisation poussée au Sahara, mais aussi pour d'autres provinces du Royaume. A Washington, on parle du bout des lèvres d'un « United Kingdom of Morocco », une sorte de « royaume fédéral » hybride qui s'inspirerait en même temps du modèle espagnol et de celui qui a prévalu au Royaume-Uni pour le cas emblématique de l'Ecosse. Pour soutenir la proposition marocaine, le souverain compte aussi sur l'appui de plusieurs pays africains, et d'amorcer ainsi son retour en souplesse dans le cénacle de l'Union Africaine dont il est cruellement absent depuis des années. C'est dans ce contexte que Mohammed VI a reçu en grande pompe à Laâyoune un émissaire de Kaddhafi. Cette visite, qui intervient juste après le retrait de la reconnaissance de la "République Sahraouie" par le Tchad, aurait été rendue possible grâce à l'entregent du fils du chef de la révolution libyenne, Saïf El Islam, réputé proche du Palais. Par ailleurs, des ambassadeurs itinérants comme Hassan Abouyoub, que l'on disait pourtant hors-circuit, ont été désignés pour défendre la vision marocaine auprès des pays encore dubitatifs. Yassine Mansouri, le patron de la Direction Générale des Etudes et de la Documentation (DGED), à qui l'on prête un rôle majeur dans le dossier du Sahara, serait à l'origine de cette idée, réminiscence lointaine de celle qu'affectionnait en son temps Hassan II pour défendre la marocanité du Sahara Occidental. Le Président Chirac ne serait pas étranger à cette décision.
Mansouri aurait aussi réussi à obtenir in extremis l'appui de Washington pour convaincre Vladimir Poutine à plus de retenue en le faisant renoncer à contrer la proposition marocaine. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, avait pourtant demandé à son homologue russe, lors de sa visite à Alger, de peser au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU pour oeuvrer à l'application sans délai du référendum. Il avait mis sur la balance un mirifique contrat d'armement. Sur le front intérieur, les irréductibles opposants du plan marocain se mobilisent contre ce qu'ils appellent « une autonomie octroyée et factice ». Des manifestations ont été organisées lors du périple royal, notamment à Smara, mais elles n'ont pas eu l'impact escompté face au rouleau compresseur marocain qui a mobilisé ses sympathisants, dont nombreux ont été convoyés, selon des observateurs étrangers, du nord du pays.
Pour contrer leur influence , le souverain devrait annoncer la libération de plusieurs prisonniers politiques , dont Aminatou Haïdar, la pasionaria des irrédentistes encore incarcérés à la Carcel Negra de Laâyoune depuis les heurts répétés qu'a connus la région durant l'été 2005 . Une concession qui pourrait être le signe avant-coureur d'un abandon de la politique répressive du régime dans le territoire contesté en faveur d'un renouement du dialogue jusqu'ici improbable.
  Des ambassadeurs itinérants ont été  désignés pour défendre la vision marocaine  auprès des pays encore dubitatifs.
                                           
                                           

Ali Amar & Mouaad Rhand

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