Les niches du marché turc
Tourisme balnéaire, culturel, architectural, religieux… En Turquie,
rien n’est laissé de côté. Tout atout est exploité par les
professionnels de ce secteur. N’est-ce-pas ce pays qui, après avoir
compris que le tourisme religieux peut être porteur, exploite avec
force -touristiquement parlant- le moulage de la main du Prophète et
les empreintes de ses pieds pieusement conservés au palais de Topkapi.
La
visite de ce palais est incontournable et est inscrite dans tous les
programmes et guides touristiques. L’imagination des professionnels
turcs et leur combativité pour augmenter le flux sont grandes. La
Turquie brigue cette année 26 millions de touristes, soit trois
millions de plus que 2005, année où elle a réalisé des rentrées de
devises de 20 milliards de dollars. Et ce n’est pas dans les packages
confectionnés presque au prix coûtant (200 euros y compris aérien et
séjour) que les professionnels gagnent de l’argent. Ils misent
davantage sur les excursions et les visites des «trésors turcs» pour
lesquels le touriste dépense bien davantage (plus de 700 euros en
moyenne). Et aujourd’hui, la stratégie est d’orienter les visiteurs
vers d’autres villes en dehors d’Istanbul et Antalya, explique Nebil
Celebi de la Tursab (association des agences de voyages turques) qui
regroupe 4.000 voyagistes.
Le secteur privé a toujours été la
locomotive du tourisme dans le pays. Il définit les stratégies, met les
moyens et demande le cas échéant un appui au gouvernement, ajoute-il.
Autre
objectif affiché, ouvrir le secteur à l’étranger. «Le développement du
tourisme en Turquie doit se faire dans les deux sens», indique pour sa
part Hacer Aydin, directrice exécutive de l’EMITT, salon international
du tourisme et du voyage pour l’Est de la Méditerranée. Pour sa 10e
édition (du 23 au 25 février), ce salon a réuni près de 1.500 exposants
de 50 pays.
· Du shopping à la découverte
«Pour
être une destination touristique durable, la Turquie a besoin de
l’incomming et de l’outdoing (tourisme à l’export)», insiste Ali Akyuz,
directeur général du TO Cafetur, filiale du groupe Marmara.
C’est
un des premiers à avoir justement travaillé sur l’outdoing en Turquie
avec le Maroc en partenariat avec un réceptif marocain Réceptours.
Aujourd’hui, les deux partenaires réalisent près de 50% des arrivées
des touristes turcs au Maroc. Et depuis deux ans, ce TO consacre un
budget dans les médias pour la promotion du Maroc.
«Le marché est
promoteur, notamment dans l’incentive et le tourisme d’affaires, qui
demandent un plus grand effort des professionnels», commente Tariq
Khattab, directeur de l’ONMT pour la région du Moyen-Orient.
Car,
la Turquie est aussi un pays émetteur avec plus de 15 millions de
nationaux qui voyagent à l’étranger chaque an et leur nombre augmentera
d’ici les 10 prochaines années. «Si, auparavant, les Turcs voyageaient
pour le shopping, aujourd’hui, ils le font pour la découverte, la
culture et les affaires», indique Hacer Aydin qui estime que le Maroc
se place bien à ce niveau. Oui, mais à condition d’être soutenu par des
actions de promotion.
La Turquie et l’ensemble du Moyen-Orient ne
sont pas en première position dans la stratégie touristique du Maroc,
avec un budget modeste consacré à la promotion dans cette région.
C’est
la délégation de Dubaï qui gère le pôle et pour l’Office le cœur du
marché du Moyen-Orient reste les pays du Conseil de coopération du
golfe (CCG), suivis des autres.
Mais, nous avons une double
finalité, asseoir une politique promotionnelle à moyen et long termes
et une adaptabilité du produit Maroc aux spécificités de chaque marché
émetteur du pôle. Selon son évolution, chaque marché bénéficiera d’un
effort supplémentaire», insiste El Khattab.
De son côté, l’aérien
a choisi de renforcer sa présence sur la Turquie. Ainsi, Royal Air
Maroc a lancé en avril dernier un vol quotidien Casablanca-Istanbul,
avec une représentation régionale après sept ans d’absence. «En 8 mois,
nous avons travaillé davantage les éductours pour les prescripteurs
turcs, les roads-shows en partenariat avec des agences et des hôtels.
Il faut donner du temps à une ligne pour mûrir et miser sur la
promotion», indique Abdelah Kenfaoui, directeur de RAM Turquie, qui
déplore toutefois l’absence sur ce marché des autres voyagistes
marocains à l’exception de trois ou quatre agences.
RAM développe
la ligne avec trois vols propres Casablanca-Istanbul, et trois autres
en partenariat avec Turkish Airlines qui a aussi investi dans une ligne
directe. Son vice-président, Halil Tokel, vient d’annoncer à l’EMITT
l’ouverture d’un deuxième vol vers la fin du printemps et se fixe un
ambitieux objectif de 100.000 passagers sur le Maroc d’ici deux ans.
La
Turkish Airlines (TA) va devenir la cinquième compagnie en Europe après
Ibéria, du moins en ce qui concerne sa flotte et les dessertes. La
compagnie turque va acquérir 59 avions d’ici juillet, indique Halil
Tokel, vice-président. Ce qui portera sa flotte à 100 avions.
Par
ailleurs, la TA compte ouvrir 24 nouvelles destinations en 2006 et sera
la première compagnie à lancer des lignes sur certains pays de l’Asie
centrale comme le Kazakhstan et le Caucase.
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