L'écrivain américain
d'origine palestinienne, le Pr. Nabil Matar, a présenté mardi soir à
Londres son dernier livre sur les relations maroco-britanniques durant
les 16-ème et 17e siècles.
Dans ce livre de 304 pages, intitulé
«Britain and Barbary, 1589-1689» présenté lors d'une cérémonie
organisée au siège de la résidence du Maroc dans la capitale
britannique, le Pr. Matar, une référence en matière d'histoire
diplomatique entre le Royaume du Maroc et le Royaume-Uni, jette la
lumière sur l'influence qu'a exercé le Maroc, alors une puissance
mondiale sur les plans militaire et diplomatique, sur l'histoire
moderne de la Grande-Bretagne.
Puisant dans diverses sources
littéraires, commerciales et épistolaires, l'écrivain situe l'activité
maritime et la vie politique britanniques de l'époque dans un contexte
international marqué par d'intenses rencontres et échanges entre les
empires marocain et britannique.
Avant même le premier contact
entre les Britanniques et l'Amérique, le Royaume-Uni entretenait des
relations aussi complexes que riches avec l'Islam et l'Afrique du nord,
représentée par le Maroc, en tant que pays dominant dans la région,
relève le Pr. Matar dans son livre illustré de deux portraits du Sultan
Moulay Ismael et de la Reine Elisabeth I.
S'arrêtant sur des cas
spécifiques pour illustrer la richesse de ces relations, l'auteur met
en relief la forte impression laissée par les premiers diplomates ayant
visité la Grande-Bretagne notamment sur les grands dramaturges
britanniques comme Peele, Shakespeare et Heywood.
La vie de
milliers de Britanniques en captivité en Afrique du nord et son impact
sur le premier mouvement de protestation féminine dans l'histoire
britannique sont également mentionnés dans ce livre. «Britain and
Barbary, 1589-1689» est la dernière partie d'une trilogie de l'auteur
sur les relations entre le monde musulman et la Grande-Bretagne après
«Islam in Britain, 1558-1685» et «Turks, Moors, and Englishmen in the
Age of Discovery».
M. Matar est professeur de langue anglaise et
chef de la chaire des études humaines et de la communication à
l'institut de technologie de Floride (USA). Dans un entretien à la
MAP, en marge de la présentation de son livre, le Pr. Matar a souligné
que la présence de diplomates marocains en terre britannique lors du 16
e et du 17 e siècle a eu un impact remarquable sur la vie culturelle et
diplomatique à Londres, comme en témoigne les diverses oeuvres
littéraires traitant de l'Islam, de la culture et la civilisation
arabe, notamment marocaine.
Il s'agit-là d'un sujet qui n'a
malheureusement pas fait l'objet de recherches académiques extensives,
a-t-il dit, ajoutant que son dernier livre est une contribution qui
vise à combler ce vide à travers notamment une étude approfondie des
archives disponibles aussi bien en Grande-Bretagne qu'au Maroc.
Mettant
en exergue le passé prestigieux du Maroc, l'auteur a relevé que, durant
cette période, le Royaume disposait d'une puissance militaire,
économique et politique qui lui permettait de s'imposer sur la scène
internationale et d'être sollicité par les puissances de l'époque,
notamment la Grande-Bretagne, pour des alliances.
Le livre peut,
en outre, se placer dans un environnement plus large de dialogue entre
les cultures, a encore dit l'auteur, ajoutant que les relations entre
le Maroc et la Grande-Bretagne montraient à l'époque une parfaite
entente imprégnée de dialogue, d'échange et de respect mutuel loin de
toute considération d'ordre religieux ou ethnique. Il a cité, dans ce
sens, l'exemple de la reine Elisabeth I d'Angleterre et du Sultan Ahmed
Al-Mansour Assadi qui entretenaient des relations très fraternelles, se
considérant tels un frère et une soeur dans leurs correspondances
officielles .
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